Licence Histoire Dijon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

Les métiers urbains.

Aller en bas

Les métiers urbains. Empty Les métiers urbains.

Message par Sid Mar 17 Mar - 21:54

Voici ce qui devait être le premier exposé concernant les métiers urbains. Pour les droits d'auteur, voir avec Marie-Camille, hum ?

Le Livre des métiers d'Etienne Boileau, p32-34
Les Actes de Philippe Auguste, tome IV, p 133-134

Problématique : en quoi la mise en place d'une législation des métiers participe à l'affirmation du pouvoir royal ?


I.REGLEMENTATION DES METIERS

1.La question des statuts
2.Fermeture des métiers
3.Les différents monopoles

II.CONTESTATIONS DIVERSES ET REPONSES APPORTEES

1.Des coutumes mal connues
2.Les prudhommes et les prévôts
3.La relation conflictuelle avec l'Église

III.AFFIRMATION DU POUVOIR ROYAL

1.La centralisation de l'État
2.La nécessité des taxations
3.La spécificité de l'Ile de France


Bibliographie :

KAPLAN M. (dir.), Le Moyen-Age XI ème-XV ème, coll. Grand Amphi, Paris, Bréal, 2003
LUCHAIRE A., Philippe Auguste et son temps (1137-1226),coll. Monumenta historiae Lavisse, Paris, Jules Tallandier, 1980
Antonio PADOA-SCHIOPPA (dir.), Justice et législation, Paris, PUF, 2000
Simone ROUX (dir. Michel BALARD), Le monde des villes au Moyen Age XIe-XVe siècle, collection Carré Histoire, Paris, Hachette Livre, 1994
George DUBY (dir.), Histoire de la France urbaine : la ville médiévale, Tome II, Seuil, collection l'Univers historique, 1980
BOUSSARD J., Nouvelle histoire de Paris: De la fin du siège de 885-886 à la mort de Philippe Auguste, Paris, Hachette,1976
Emile COORNAERT, Les corporations en France avant 1789, Paris, Les Éditions ouvrières,1968
BOVE B., Dominer la ville: Prévôts des marchands et échevins parisiens de 1260 à 1350, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2004

http://gallica.bnf.fr/, le Livre des métiers d'Etienne Boileau.

[justify]Beaucoup de métiers se sont organisés à une date ignorée pour la simple raison qu'ils reposaient sur de coutumes orales qui n'ont pas été conservées. A ces deux documents correspond
l'institutionnalisation des corps de métier par la personne royale qui est rapportée de manière écrite. Le premier document datant de 1268 est un code c'est à dire un recueil d'ordonnances, de prescriptions. Le second est un acte soit un document écrit à caractère légal de la chancellerie qui constate une situation juridique à l'initiative de Philippe Auguste.
Ce dernier est roi de France de 1180 à 1223 et il est surtout le premier roi de France à se définir comme tel. Il choisit pour capitale la ville de Paris. C'est un roi conquérant qui repousse les plantagenets dans leurs derniers retranchements au sud ouest. Il est sans cesse en guerre contre les princes territoriaux et il participa à la troisième croisade de Salladin. Ces nombreuses batailles lui valent le nom d'Auguste. C'est également un roi moderne soucieux de l'économie de son royaume et de ses finances.
Son second successeur (après Louis VIII qui régna trois ans) Saint Louis (1226-1270) dans la continuité de cette politique entamée par Philippe Auguste, il ôte des mains des marchands pour la confier au premier prévôt de Paris. Sa fonction correspond à peu près à celle d'un préfet de police. Étienne Boileau né vers 1200 et mort en 1270 est d'abord prévôt d'Orléans avant d'être celui de Paris en 1258. Il aurait participé à la croisade en Égypte au côté de Louis IX ce qui est certain c'est qu'il est proche du roi. Il a la réputation d'un homme droit qui administre d'une main de fer.
Il est l'auteur du document exceptionnel que constitue le livre des métiers qui a fonction de remédier à l'accumulation d'actes comme celui des boulangers de Pontoise qui aboutit à une multitude de coutumes et d'usages difficile à gérer. Dans un souci d'harmonisation et de cohérence, l'œuvre d'Étienne Boileau regroupe 150 métiers et fixe leurs règles pour des siècles. Même si sa portée est limitée à la région parisienne, il s'agit d'un exemple qui sera repris dans le royaume.
Confrérie, fraternité, ghildes, hanses, métiers, collèges, corporations, jurandes, maîtrises, corps ou communautés de métiers. Autant de termes qui tendent à définir la même chose aux exceptions près à savoir la défense des intérêts, la police intérieure des métiers, un lieu de solidarité, un lieu de protection et de monopole le tout reposant sur un serment.
A travers les deux documents que nous allons étudier nous découvrirons l'organisation des métiers fondamentaux à savoir: les orfèvres qui représentent un marché de luxe qualifié et prospère dans la capitale et les boulangers, métiers de l'alimentation, qui occupe une place stratégique dans la vie de la cité. Notre analyse se concentre sur le domaine royal là où le roi est seigneur direct et où on sent particulièrement le changement dû à l'emprise royale grandissante.
En quoi la mise en place d'une législation des métiers participe à l'affirmation de l'autorité royale? C'est la question à laquelle nous tenterons de donner réponse par une analyse reposant sur trois axes principaux: l'étude de la réglementation des métiers, des contestations diverses et enfin de la centralisation du pouvoir royal.

I.1) La question des statuts

I - L1 « Il est à Paris qui veut et qui faire le sait, pourvu qu'il œuvre aux us et coutumes du métier »
I - L18 « Les orfèvres de Paris »
Et parlant des boulangers de Pontoise « Nous avons concédé aux boulangers de Pontoise que nul ne fasse du pain pour vendre, ni un meunier, ni un foulon, mais seulement celui qui est boulanger légalement reconnu »

= dans la seconde moiter du XIIe siècle, les communautés d'habitants apparaissent et les artisans se multiplient. L'artisanat s'organise en métiers et se regroupent en vertu de convention orales : des coutumes. On voit alors une consolidation juridique de l'essor économique par l'octroi de statuts aux différents métiers qui se mettent en place.

Lorsque l'on parle de métier, I - L8 « appartenant à leur métier », on parle de groupement professionnel, comme les « ghildes » ou les « jurandes ». C'est une sorte de régime corporatif mais qui ne s'impose pas partout et pas à tous les travailleurs.

I - L15 « Tous ces établissement devant dits, les orfèvres ont jurés de les garder bien et loyalement » Il existe plusieurs grands types d'organisations corporatives, ici, il est question de métier jurés. Ils se présentent comme une association professionnelle, fondée sur le serment que prêtent ses membres de respecter les statuts et de se porter assistance mutuelle. Par l'octroi de privilèges et la confirmation de statuts par le seigneur = le roi, le métier accède à une personnalité juridique = les prudhommes, et à l'autorisation de règlementer lui-même la profession, et d'y exercer la police.

Les gens de métiers constituent petit à petit un groupe social avec des droits reconnus, ces droits dû à une reconnaissance par l'autorité, concrétisé par l'acte essentiel des relations sociales : le serment qui devient un engagement valable, devant l'Église et devant les princes qui au travers de la loi, celle du roi, reconnaissent le droit collectif au travail.

On voit dans le 2nd texte : c'est le roi qui « concède » par son bon vouloir les statuts, celui des boulangers de Pontoise, en leur reconnaissant ainsi des droits et des pouvoirs : ils sont les seuls « légalement reconnu » à pouvoirs faire du pain et le vendre. De même pour les orfèvres de Paris qui sont « quitte du guet », CAD qu'ils n'ont pas à faire de tour de garde ni de surveillance de nuit. Mais ces avantages entrainent bien évidement des compensations à celui qui les accorde, nous le verrons.

I - L19 « mais ils doivent les autres redevances que les autres bourgeois doivent au Roi » A la fin du XIIe siècle, la liberté personnelle est conquise par les bourgeois CAD les droits des seigneurs sont limités et non plus arbitraires, mais cependant, ils ont toujours des devoirs envers le seigneur et surtout des redevances à lui verser. La ville est un être collectif fondée sur le serment mutuel que se prêtent les bourgeois de la ville qui s'accompagne généralement d'un serment de fidélité au seigneur mais différend du serment vassalique.

Les métiers, en s'organisant, fixent une règlementation interne très stricte.

2)La fermeture des métiers

« Nul ne peut avoir plus d'un apprenti, mais de son lignage ou du lignage de sa femme, soit de loin soit de près, il peut en avoir tant qu'il lui plait » (ligne 3-4)
Un des principes fondamentaux de l'organisation des métiers est la défense des intérêts professionnels. Et pour ce, il faut en limiter l'accès. En restreignant le nombre des apprentis, Étienne Boileau pense aux potentiels concurrents qu'ils peuvent constituer une fois qu'ils seront devenus maîtres. Il augmente en général la durée d'apprentissage jusqu'à cinq ans dans sa réglementation, il rend l'examen dit le chef d'œuvre plus rigoureux et augmente la rente que les nouveaux maîtres doivent payer.

La mobilité sociale est réduite, le but étant que le renouvellement du métier soit héréditaire comme ça le risque de concurrence exacerbée est très limitée. Étienne Boileau durcit la procédure d'entrée et pourtant elle paraissait déjà bien difficile au début du siècle au regard de la situation des boulangers de Pontoise même si « un gâteau d'une obole » ou faire  « semonce aux autres de payer notre cens » (ligne 9) semble être une somme dérisoire, il fallait le multiplier par le nombre de boulangers de la corporation. En réalité, la fermeture des jurandes est efficace et voulue par l'autorité royale. A tel point qu'en 1267, à Pontoise, le maire parvient à faire entrer du pain de l'extérieur chaque jour au grand damn de la corporation des boulangers dont les profits gonflaient. En effet, la législation royale met en place des statuts qui aboutissent à la formation de monopoles.

3)Les différents monopoles

I - L1 « Il est à Paris (...) pourvu qu'il œuvre aux us et coutumes du métier... » D'abord un monopole personnel, pour faire partie d'un métier juré, il fallait être admis par le corps des maitres ou par les jurés.

II – L1-4 « que nul ne fasse dans la ville », « celui qui est boulanger légalement reconnu » Monopole territorial et économique ensuite. Si l'autorité publique, et donc royale, à mesure que se renforce l'efficacité du pouvoir monarchique, à une volonté de contrôler le monde des métiers et donc pousse à l'organisation en corporation, l'organisation elle même vient plutôt des artisans. Aussi, une fois que les artisans ont acquis des privilèges qui leur assurent une place honorable dans la société urbaine, ils songent surtout à éviter la concurrence. Les boulangers de Pontoise, fort de la règlementation du métier par le roi ont donc acquis le droit exclusif, sur le domaine de Pontoise de fabriquer les produits de leurs spécialité, le pain.

Il faut comprendre que par ces statuts mis en place, les métiers accaparent ainsi une activité exercée par tous et se font un droit particulier de ce qui était un droit commun jusque là non-défini. Mais cela entraine aussi des querelles et des abus, les métiers, protégés juridiquement, prennent position contre les forains, contre les non-affiliés à leur association : chacun d'eux cherchant à s'assurer un monopole.

I - L1- L2- L3 La concurrence entre maitre qu'elle soit à l'intérieur même d'un métier ou à l'extérieur est également limité par l'encadrement corporatif qui limite à la fois les possibilités de fraude (interdiction du travail de nuit, contrôle multiples...) et les possibilités d'expansion (limitation du nombre d'apprenti, limitation de l'outillage, contrôle des prix) et qui garantissent la renommé du métier.

Cette police à l'intérieur des métiers et entre métiers est aussi l'œuvre des protagonistes des villes : prévôts et prudhommes.
Sid
Sid
Modérateur
Modérateur

Masculin
Nombre de messages : 163
Localisation : Dijon
Date d'inscription : 04/12/2007

http://critiquesdumonde.blogs.nouvelobs.com/

Revenir en haut Aller en bas

Les métiers urbains. Empty Re: Les métiers urbains.

Message par Sid Mar 17 Mar - 21:55

II. 1) Des coutumes mal connues

« Et si des orfèvres étrangers viennent à Paris, ils jurent de les respecter tous » (ligne 16)
Les marchands étrangers sont de véritables concurrents surtout qu'en France il s'agit d'Italiens et de Flamands qui ont un savoir faire et des techniques commerciales bien plus élaborées qu'à Paris ou ailleurs. Les orfèvres parisiens bien que renommés pour leur travail voient d'un mauvais œil ces concurrents qui ignorent tout des réglementations et coutumes locales ce qui peut entrainer des conflits. Étienne Boileau se doit de préciser qu'il est nécessaire de les respecter sachant que depuis Philippe Auguste une sorte de protectorat a été mis en place pour les nouveaux venus. Alors que l'usage féodal prévoyait d'attaquer les hommes issus d'un pays en guerre avec un seigneur franc, Philippe Auguste propose de protéger ces marchands. Par exemple en 1209, il leur promet de les couvrir sur les routes les menant aux foires de Champagne.
De surcroît, alors que nul n'est censé ignoré les actes comme celui de Philippe Auguste, au sein même de la ville, il y a des contestations contre les monopoles pourtant institués. Ainsi en 1267, il y a une plainte contre le monopole des boulangers de Pontoise. De même des tensions naissent entre les différents grades d'un métier, comme celle entre les maîtres et valets. D'où la précision ligne 15 « Tous ces établissements devant dits, les orfèvres ont jurés de les tenir et garder bien et loyalement ». C'est en partie pour pallier les différends récurrents avec les communautés de métiers et les confusions de coutumes que Saint Louis à fait la requête auprès d'Étienne Boileau d'établir le Livre des métiers. Ce problème récurrent n'est pas pris à la légère par la puissance royale en témoigne une véritable police intérieure: les prud'hommes et les prévôts.

2) Les prudhommes et les prévôts

L20 « Et c'est à savoir que les prudhommes du métiers élisent deux prudhommes ou trois pour garder le métier. Lesquels prudhommes jurent qu'ils garderont le métier bien et loyalement au us et coutumes devant dits ».
Seuls membres à part entière de la corporation, les maitres votent les statuts, choisissent les procureurs et chefs de la corporation. Le métiers contrôle le métier, ce qui permet également un meilleur contrôle des métiers par le pouvoir royal.

L22 « Et quand ils ont fini leur office, le commun du métier ne peut les remettre à garder le métier avant trois ans » Ainsi, la charge de chef de corporation ne peut être renouveler avant trois ans, ce qui donne à chaque maitre la possibilité d'être chef de corporation.
L24 « Et si les trois prudhommes trouvent un homme de leur métier qui œuvre de mauvais or ou de mauvais argent et ne veuille s'en veuille châtier, que les prudhommes amènent celui au prévôt de Paris , et que le prévôt le bannisse 4 à 6 ans, selon la gravité de la faute. » Les chef de corporation = les prudhommes, ont donc ainsi un droit judiciaire sur les gens du métier, mais ils doivent tout de même répondre de leur actes et rendre des comptes au prévôt de Paris qui est un officier royale.

Prudhomme signifie étymologiquement « homme vaillant, du type du parfait chevalier, puis homme de mérite et sage mais vers 1260, il prend le sens d'expert »

Ces chefs de corporation sont élus par les membres du métier dont ils administrent les affaires, surveillent la fabrication, prennent soin que le travail commence et cesse aux heures réglementaires, d'abord avec le prévôt qui inflige les amendes et autres peines aux maitres fautifs, puis ils font la tournée seul, le prévôt s'effaçant, mais qui continue cependant, lui même ou par l'intermédiaire d'un autre représentant de l'autorité à juger les délits qui lui sont déférés par les chefs élus.

3) La relation conflictuelle avec l'Église

« Et de tout l'argent de cette boîte, on donne chaque année le jour de Pâques, un dîner aux pauvres de l'Hôtel-Dieu de Paris. » (ligne 13-14)
Avec le triomphe de l'argent nait une angoisse spirituelle. Les fonctions d'artisans, commerçants et prêteurs sont souvent liées et la recherche du profit est condamné par l'Église. Depuis le concile de Latran IV en 1215 qui introduit la notion de purgatoire, on pense que se sont ceux qui manipulent l'argent qui se retrouvent dans cette situation transitoire. Pour pallier cela, les corporations refusent de laisser le monopole de la charité à l'Église et elles multiplient les œuvres pieuses comme celles citées pour sauver leur âme. Les confréries ou fraternités recoupent bien souvent les corporations même si ce n'est pas à généraliser. En tout cas, celle des orfèvres se superpose à la confrérie. Celle ci se caractérise selon les termes d'Achille Luchaire par « l'accomplissement en commun de certains devoirs de piété et de charité et le plaisir de festoyer dans les banquets annuels. » L'Église voit d'un mauvais œil ces organisations qui prétextent un intérêt religieux pour se réunir. En 1189, le concile de Rouen prend une position très méfiante à l'égard des fraternités qui « dérangent l'ordre ordinaire des Églises ». Elles parviennent cependant à se faire respecter progressivement par les clercs. Les confréries tentent d'intégrer un mode de pensée spirituel dans ce monde hostile à la nature des hommes et essayent de rentrer dans le rang de l'Église notamment en suivant les fêtes religieuses (ligne 9) « Nul ne peut ouvrir sa forge au jour d'un apôtre à moins que la fête tombe un samedi » ce qui sera rattraper par des œuvres. Contrairement à cette difficile entente avec les autorités cléricales, le peuple se satisfait davantage de la relation avec le roi et ce malgré la force centralisatrice qui se développe.


III.1) Centralisation du pouvoir royal

On a déjà vu que l'implication croissante de l'État dans les dépenses urbaines :
I - L 13-14 « Et de tout l'argent de cette boite, on le donne chaque année, le jour de Pâques, un diné aux pauvres de l'Hôtel-Dieu de Paris. »

II - L5 « Quiconque entrera en cet office donnera à boire aux boulangers et fournira à chacun d'eux un gâteaux d'une obole »

Dans cette législation des dépenses urbaines, on note le souci et le désir centralisateur du roi monarchique qui se trouve également dans la présence et le développement d'officiers royaux tels les prévôts auxquels doivent répondre les gens de métiers à travers la figure des prudhommes.

II - L1 « Philippe, roi de France par la grâce de Dieu » Philippe Auguste se sert de certains termes de la pratique féodale pour agir, non comme seigneur féodale du domaine royal, mais en roi de France.

II - L8-9-10 « A notre volonté, nous leur désignerons un maitre auquel ils répondront et devant lequel ils plaideront et devant nul autre, qu'il soit prévôt ou sergent ». Ici, le maitre auquel devront répondre les boulangers de Pontoise est nommé par l'autorité publique qu'est le roi, les pouvoirs publics ont donc un droit de regard sur les institutions.

L'intervention dans les finances urbaines est un succès pour le roi qui amenuise la politique fiscale des maitres des communautés urbaines, membres de la patriciat et donc une bourgeoisie riche qui s'arrange pour ne pas payer ce qu'elle devrait payer en inventant des privilèges et des exemptions. Les riches qui gouvernent s'exemptent d'impôts et ainsi tous les frais de la communauté retombent sur les plus pauvres, une injustice par laquelle les gens du roi trouvent la justification de l'intervention royale.
La représentation royale par l'intermédiaire du prévôt et des nouvelles législations sur les métiers implique donc des frais pour les bourgeois mais également l'équité dans les payements des taxes et donc tout le monde s'y retrouve.

La monarchie s'installe dans les villes et elle prend le contrôle, pour le bien commun et des villes et du royaume, des domaines essentiels de la vie urbaine : les métiers, la justice et les finances.

2)La nécessité des taxations

« Pour cette raison il a été établi que chacun d'entre eux nous donne à chaque année dix sous à la Saint Rémi »
Philippe Auguste est le premier roi à être aussi ouvert d'un point de vue économique. Dans beaucoup d'ouvrages on le qualifie de « roi moderne ». En réalité, il a bien compris la nécessaire institutionnalisation des métiers qui deviennent de plus en plus puissant et qui rapportent au trésor royal. Son royaume est sans cesse en guerre, rappelons qu'il conquiert l'Artois, l'Amienois, le Valois, le Vermandois, la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine, une partie du Beauvaisis, du Poitou, et de la Saintonge. Sans compter la croisade victorieuse contre Salladin en 1189. De plus, son armée est constituée de chevaliers soldés qu'il faut payer. Il trouve, grâce aux villes et aux corps de métiers, un moyen de conforter ses finances. Louis IX suit son modèle. Les taxes d'entrée en métier, celles en échange de la protection des monopoles (citation ci dessus), des impôts comme le hauban pour éviter le tonlieu et les amendes qui se multiplient au fur et à mesure de la main mise de l'État que l'on devine ligne 26 « que le Prévôt le bannisse 4 à 6 ans, selon la gravité de sa faute ». Car la surveillance est un point clé de l'organisation en corporations, le fait que ce problème soit pris en compte par les rois ravit les artisans-commerçants et permet d'augmenter les sanctions pour fraude. L'argent est nécessaire à la puissance centralisatrice de l'État.

3)La spécificité de l'Ile de France

Celle ci a pour point de départ la ville de Paris et les environs, soit le domaine royal où le roi est directement seigneur parfois conjointement avec une autorité épiscopale. Pour commencer cette entreprise, Philippe Auguste compte bien s'attirer les faveurs du peuple. Lors de son départ pour la troisième croisade, il confie à six bourgeois parisiens le trésor royal et signale dans son testament que s'il venait à mourir lors de son pèlerinage, une part de sa fortune irait à son héritier mais la majeure partie irait au peuple de Paris. A son retour, il confie à la bourgeoisie des offices de haute importance habituellement réservés aux nobles.
Au final, le peuple parisien fait confiance au roi au point que Guillaume Le Breton rapporte dans la Philippide: « on ne pouvait savoir si le roi aimait plus son peuple ou s'il en était davantage aimé ». Et cela malgré le fait que le roi ne leur ait jamais concéder de charte communale. La hanse des marchands de l'eau attestée en 1211 fait figure de municipalité officieuse consultée mais non reconnue.
Après cette volonté de plaire de Philippe Auguste, Louis IX en profite pour assoir durablement l'autorité royale déjà entreprise. L'institution des prévôts de Paris prend son sens en 1258. Le travail confié à Étienne Boileau prouve l'importance que cet officier à pris car à travers cette législation des métiers qui servira de modèle dans toute la France ce sont les prérogatives royales qui se dévoilent

Conclusion :

Par l'affirmation des métiers on entend la mise en place progressive des statuts des métiers par une législation royale, qui leur permet de ce regrouper, d'entretenir des rapports d'entre-aides, tout en réduisant la concurrence et en contrôlant mieux le milieu artisanal. Parallèlement, par l'octroi de statuts, le pouvoir royal, tout en unifiant la vie professionnelle notamment à Paris, acquiert des redevances régulières, un contrôle des métiers par ces officiers royaux qui rendent la justice, avec la collaboration de maitres des métiers éluent, et la reconnaissance, pour le roi, de son statut de roi de France face aux prétentions des seigneurs locaux. Le roi étend donc sa domination sur les villes dans les domaines essentiels : la justice, les métiers et les finances qui sont désormais entre ses mains. Il augmente ainsi les ressources de son trésor et affermit son autorité. Octroyer des statuts particuliers aux métiers sert également à ordonner, à codifier les usages de chacun à l'intérieur des communautés, afin de calmer les litiges qui naissent et les conflits sociaux qui se dessinent sur l'arrière toile du XIIIe siècle, qui font sentir une agitation ouvrière décrit par Philippe de Beaumanoir, un juriste, dans ces Coutumes de Beauvaisis rédigées entre 1279 et 1283.[/justify]
Sid
Sid
Modérateur
Modérateur

Masculin
Nombre de messages : 163
Localisation : Dijon
Date d'inscription : 04/12/2007

http://critiquesdumonde.blogs.nouvelobs.com/

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum