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Léon Blum au Congrès de Tours de Septembre 1920

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Message par Sid Mer 5 Déc - 20:26

Léon Blum au Congrès de Tours.


Problématique : Pour quelles raisons les membres de la SFIO s’entretiennent-ils et en quoi ce discours amène-t-il à une scission du Parti Socialiste ?


I. Une rupture idéologique, deux partis socialistes en confrontation
1. Socialisme marxisme
2. Un nouveau socialisme : le communisme bolchevik.
3. Une guerre absurde qui accélère la rupture.
II. Des divergences au sein du parti socialiste : vers une scission ?
1. Cachin et Frossard.
2. Point de rupture ?
3. Une issue fatale qui doit être pacifiste.



BIBLIOGRAPHIE :

Générale :
Mollier Jean-Yves et George Jocelyne, La plus longue des Républiques (1870-1940), Paris, Fayard, 1994.

Berstein Serge et Winock Michel, La République recommencée (1914 à nos jours), Paris, Le Seuil, L’univers historique, 2004.

Spécialisée :
Parti Socialiste SFIO, Le Congrès de Tours, Paris, Éditions sociales, 1980

Annie Kriegel, Aux origines du communisme français 1914-1920, Flammarion, Paris, 1970

Berstein Serge, Léon Blum, Paris, Fayard, 2006

Léon Blum, L'Oeuvre de Léon Blum, L'entrée dans la politique active ; Le Congrès de Tours ; De Poincaré au cartel des gauches ; La réforme gouvernementale : 1914-1928, A. Michel, Paris, 1972.

Support :
Thierry Hohl, L'identité politique des courants et tendances de gauche de la SFIO du congrès de Tours aux débuts de la IVe République, thèse doctorat d’histoire, Dijon, 2001



Socialiste réformiste progressiste, Léon Blum naît à Paris Le 3 avril 1872. Licencié de droit et de lettres, il joue un rôle important dans l’affaire Dreyfus par sa coordination des intellectuels. Dans la même période il y rencontre Jean Jaurès qui deviendra son maître à penser. Il est Ministre des travaux publics de 1914-1916 et député SFIO de la Seine de 1919, à la veille des élections législatives jusqu’en 1928 et député de Narbonne de 1929 à 1940. En 1920, à la suite des révolutions russes, Frossard et Cachin sont envoyés à Moscou pour assister au Premier puis au Second congrès de la IIIème Internationale Communiste. A leur retour, ils peignent un bilan favorable à l’adhésion. Le XIIIème Congres National du Parti Socialiste qui se réunit à Tours du 20 au 30 décembre 1920 est la conséquence du retour des deux envoyés. Ce texte, extrait de Le congrès de Tours d’Annie Kriegel relate du discours donné par Léon Blum au cours de ce congrès le 27 décembre 1920. Nous verrons pour quelles raisons les membres de la SFIO s’entretiennent-ils et en quoi ce discours amène-t-il à une scission du parti ?
Il faut savoir avant tout que la crise ouverte par la Première Guerre Mondiale et les révolutions russes poussent les classes dirigeantes des pays capitalistes à s’engager dans diverses restructurations de tout ordre. Mais les souffrances de la guerre, l’inflation économique, et la situation de vie précaire du prolétariat soulèvent de puissants mouvements sociaux. Une vague de grève atteint l’Europe en 1919 et au cours de ces luttes, le mouvement ouvrier progresse et s’amplifie, partout les syndicats et les partis socialistes grossissent et leur audience s’accroît. Les révolutions russes font naître alors un nouveau mouvement issu du pouvoir bolchevik, certains socialistes voient la révolution comme la terre promise. Une nouvelle ligne de fracture sépare le bloc de gauche. Le courant révolutionnaire se définit alors par son appui résolu à la révolution d’octobre 1917 et par son rejet de toute pratique de collaboration de classe. Alors que la Troisième Internationale Communiste est sur le point d’émerger, en Allemagne, la ligue de Spartacus animé par Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg rompt définitivement ses liens avec les sociaux-démocrates et fonde le Parti Communiste Allemand. Mais lorsque s’ouvre le 2 Mars 1919 la Conférence Communiste Internationale, le mouvement Spartakiste est écrasé, et les bolcheviks menés par Lénine constituent la seule force réelle ouvrière. Le 4 Mars s’ouvre la discussion sur la transformation de la Conférence en Congrès constitutif de la IIIeme Internationale adoptée à l’unanimité, elle se dote alors d’un comité exécutif composé de 5 Membre représentant : Lénine, Trotski, Zinoviev, Rakovski et Platten. Après la désignation d’un nouveau comité exécutif de 18 membres et l’adoption des 21 conditions d’admission à l’IC, l’USPD allemand adopte ces 21 conditions au Congrès de Halle en octobre 1920. Et début décembre, il fusionne avec le KPD et fonde le Parti Communiste Unifié fort de 350 000 adhérents. Dès lors, des partis communistes naissent un peu partout en Europe, en Italie, en Suisse et en Suède, ainsi qu’en Angleterre et aux EU où ils sont le fruit de l’unification de petits groupes révolutionnaires. [En France, Cachin et Frossard viennent de rentrer de Moscou et le Congrès de Tours doit décider de l’acceptation ou non des conditions d’admission à l’IC.]




I. Une rupture idéologique

1er § + lg 18 « qui ne soit pas contraire à ce que nous avons »
En effet, on aurait tort de considérer que le communisme n’est qu’une version évoluée du socialisme traditionnel. L’IC met en place un nouveau régime politique et le communisme diffère du socialisme en des points essentiels idéologiquement parlant.

1. Le Socialisme Marxisme

* Tente une approche progressive et parlementaire si c’est possible de la révoltion dans les domaines sociaux, économiques et politiques par la force d’une « volonté populaire qui remonterait de degré en degré »
* Vocation pacifiste. Bien que pendant la guerre, les majoritaires surnommés « jusqu’auboutistes » n’ont cessé de voter des crédits militaires.
* Dictature du prolétariat impersonnelle et temporaire.
Socialisme = unité dans le parti, toute les forces et les tendances qui fixent l’axe commun de l’action.


2. Communisme.


* Les bolcheviks ont le sentiment que la cruauté de la guerre est un effet du capitalisme qui nécessite une réponse plus forte que l’action parlementaire.
* Dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie à durée indéterminée.
* Nationalisation des terres.
* Tend à la révolution des conditions en extension au sein même d’une société capitaliste.
* Régime de centralisation composé d’un système hiérarchisé où chaque organisme est subordonné à l'organisme qui lui est supérieur, c'est au sommet un comité directeur de qui tout doit dépendre.
Communisme = uniformité, une seule pensée, qui ne l’accepte pas n’entre pas et qui ne l’accepte plus doit en sortir  pas de liberté de pensée, plus de division de tendance.


Ainsi le socialisme entend par révolution le fait même de la transformation sociale. Cette révolution ne doit pas être une modification de la société présente par des réformes successives mais correspond à un renouvellement total du système social. Les points de conflits entre socialisme et communisme sont nombreux, depuis la conception révolutionnaire : le fait de soutenir que la prise du pouvoir est suffisante à la révolution qui, pour les socialistes traditionnels, revient à confondre le moyen avec la fin, la condition et le but cherché, à la conception de l’organisation politique strict et hiérarchique : construite en séries « d’avant-garde » dont les procédés d’épuration périodique assurent une certaine homogénéité, qui aboutit finalement au comité exécutif sous les ordres du commandement central, en passant par la question de la dictature du prolétariat. La politique communiste est un nouveau régime que l’on pourrait dans l’absolu appeler un socialisme neuf mais contraire aux principes essentiels et invariables du socialisme marxiste que défend Blum.

3. Une guerre absurde qui accélère la rupture.

Au lendemain de la guerre, les pays d’Europe sont affaiblis dans tous les domaines, l’inflation, la surexploitation ouvrière, le tribut de sang qu’a coûté une guerre considérée à la fois comme absurde et atroce soulèvent une nausée devant les institutions, les valeurs et les hommes qui ont légitimé ces massacres. La vague de grèves et notamment en France, la grève générale des cheminots le 1er Mai 1920 revendiquant la hausse du niveau précaire de vie et le refus des nouvelles conditions de travail, soutenu par la CGT, se fait écraser par les vagues d’assauts successives du gouvernement mené par le tigre Clemenceau qui révoque et arrête 18 mille cheminots.

Les impasses sur lesquelles débouchent les deux voies ouvertes au mouvement ouvrier : la voie socialiste d’une conquête parlementaire du pouvoir et la voie syndicaliste révolutionnaire portée par la grève générale incitent les révolutionnaires français à s’orienter vers une autre route empruntée ailleurs avec succès.

II. Des divergences au sein du parti socialisme : vers une scission ?

1. Cachin et Frossard.

Lorsque Ludovic Oscar Frossard instituteur révoqué en 1913 pour son action syndicale et Marcel Cachin, ancien prof de philo, député du XVII arrondissement de Paris, chargés d’enquêter sur la IIIeme Internationale reviennent le 7 août 1920 avec un bilan favorable à l’adhésion, s’ensuit un débat vif qui aboutit en Septembre sur la prononciation de 3 motions préconisant respectivement le refus (Blum), l’adhésion avec réserve (Longuet) et l’adhésion sans réserve (Frossard-Cachin) à l’IC.

Ces divergences d’opinions entres réformistes et révolutionnaires s’expliquent par différentes causes :
- d’une part, l’échec des grèves de Mai 1920 et la défaite socialiste aux élections législatives de 1919 favorisent la naissance d’une antiparlementariste, renforcé par l’élection de Millerand en tant que Président de la République en Septembre 1920.
- d’autre part, l’hostilité au socialisme de guerre : l’appel de Jouhaux sur la tombe de Jaurès, l’appel au Parti Socialiste le 4 avril 1914 pour former l’Union Sacrée laisse un goût amer, donnant l’illusion de croire que la guerre serait libératrice des peuples elle se révèle absurde et monstrueuse, atroce, et que l’Union Sacrée ne dura que l’instant de conduire les jeunes troupes à la boucherie, et que tout ce sang versé finalement ne profite qu’aux classes capitalistes.
- ensuite une certaine volonté de réformer le Parti Socialiste en accentuant la discipline et l’unité de direction du Parti, appuyé par une volonté de rompre avec le réformisme et de renouer avec l’action révolutionnaire
- enfin, le sentiment d’une situation sinon immédiatement révolutionnaire, du moins toute proche favorise un élan de sympathie et de défense à cette révolution qui apparaît alors plus comme un moteur à l’adhésion qu’à un critère de choix.

Blum a raison lorsqu’il dit :
« Ce n’est plus une question de discipline […] cas de conscience individuel et collectif à la fois. » = il n’est plus question de parti pris pour l’un ou pour l’autre mais d’une question que chacun doit se poser pour ses convictions. Chacun doit se poser la question de savoir si oui ou non, il peut accepter par son intelligence, par son cœur et sa volonté de se conformer d’une façon stricte dans sa pensée et son action la nouvelle doctrine qui a été formulée à Moscou. Et si une contestation porte sur un point essentiel des statuts de l’Internationale, l’adhésion ne doit pas être concevable.

C’est une question idéologique, une question de principe que chacun doit se poser, l’acceptation ou non des conditions d’admission à l’IC revient à se demander si l’on est porteur d’une volonté de transformer, ou plus radicalement de changer fondamentalement de politique, et à cela, Blum répond qu’il ne peux pas : §2.

2. Le point de rupture ?

Lorsque s’ouvre le congrès, tout est joué, la droite du parti menée par Tomas, Marcel Sembat et Blum, sait qu’elle a perdu. La question n’est plus si le parti n’adhèrera ou n’adhèrera pas, quelque soit l’issu du vote, les délégués au congrès savent que la minorité ne pourra rester dans le parti, le centre est divisé : d'une part, Longuet se prononce pour l'adhésion, mais avec certaines réserves concernant l'autonomie des syndicats, l'indépendance nationale des partis au sein de l'Internationale, et d'autre part, Frossard et Cachin, suivis par la gauche, demandent l'adhésion immédiate et sans réserve.
La scission semble certaine, mais la question est de savoir où elle se fera: éliminera-t-elle seulement la droite ou aussi le centre droit de Longuet?


3. Une issue fatale qui doit être pacifiste !

En réalité la scission naît dès 1917 et perdurent les années suivantes. En 1920, la plupart des opposants à l’adhésion ne sauraient accepter d’entrer dans une Internationale où ils perdraient leur autonomie et surtout leur rôle dirigeant au sein du Parti Socialiste.

Dès le début du discours, Blum annonce :
« Je demande au congrès d’avoir égard à ce qu’il y a d’ingrat dans la tache que m’ont confiée mes camarades devant une assemblée dont la résolution est arrêtée, dont la volonté d’adhésion est fixée et inébranlable. » La position de l’Assemblée est déterminée dès le début du débat.

3eme para. = inévitable, on sent dans l’ensemble du discours un tragique dominant.
« Qui sera demain le communisme »ligne6
« Internationale communiste elle-même changeât. »ligne16
« La dernière fois que je m’adresse à vous. » ligne 33 et 46
Blum a pris sa décision, il « gardera la vieille maison » du SFIO.


Lg 26 : « Un vote de majorité ne changera rien à ce cri de conscience chez nous pour étouffer ce souci de l’unité. »
Ligne 35-37 = Hommes à différentes conceptions, ou ennemis ?
Ligne40
« Malgré tout, restons frères […] et qu’un foyer commun pourra encore nous réunir.»  SFIO la « vieille maison »
Lignes 47-48
L’unité historique du parti ne doit pas être mise à mal. En effet, au sortir de la Première Guerre mondiale, la France s’interroge, exsangue malgré la victoire. La guerre a en profondeur modifié le paysage démographique français, avec de plus en plus de citadins et d’ouvriers. Ces changements démographiques renforcent les milieux de gauche, dont la guerre a modifié le paysage politique et idéologique. En effet, en 1905 à Paris, le congrès du Globe signe l’unification du socialisme français (union du PSDF et du PSF), donnant suite au congrès socialiste international d'Amsterdam de 1904. La SFIO naît à ce moment là. Mais en 1914, la grande majorité de la SFIO accepte de cautionner la guerre, trahissant ainsi ses principes internationalistes et pacifistes. De plus, l'assassinat en 1914 de Jean Jaurès, le rassembleur des gauches, « l’espoir » de la Révolution russe, le traumatisme des tranchées, la possibilité d’une révolution spartakiste outre Rhin, d’une grève générale en France, modifient et divisent la gauche, entre partisans de la Révolution et réformistes. Ainsi aperçoit-on déjà la division au sein de la gauche, division qui se concrétise au moment du Congrès de Tours, en décembre 1920 et la scission idéologique profonde qui en découle.




Conclusion : Les votes se dérouleront dans une atmosphère tendue et dramatique, les deux tiers des mandats sont pour l’adhésion. Le choix fait à Tours est d’ordre idéologique, l’acceptation ou non de cette nouvelle évolution du socialisme, le communisme. La SFIO se sépara donc en deux : d'une part la « Section française de l'Internationale communiste » (SFIC, futur PCF), majoritaire à Tours (3208 voix), et d'autre part la SFIO, minoritaire (1022 voix). Les minoritaires quittent alors le congrès pour reformer la « vieille maison » de Blum avec le Populaire de Jean Longuet comme organe du Parti, tandis que la majorité fondera le SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste) en conservant l’Humanité. La scission de Tours apparaît comme un point de départ d’une nouvelle époque. On peut alors se demander comment évolue alors la gauche, entre clivages et unions, jusqu’à la déclaration de guerre de septembre 1939 ?
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Message par bernie Sam 22 Déc - 9:04

merci parce très utile pour les révisions!! Wink
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