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Caius Marius 157-86 avt JC

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Message par Sid Jeu 13 Déc - 21:02

CAIUS MARIUS 157-86 avt JC


Problématique : En quoi Marius Caius est-il un personnage original mêlant à la fois impérator et popularis ?


I. L’ascension de Marius.
1. Des débuts difficiles.
2. La guerre de Jugurtha

II. La dictature de Marius.
1. Les Cimbres et les Teutons.
2. La réforme marianique, ou la réforme de l’armée.

III. Une fin de carrière mouvementée.
1. Une situation qui dégénère.
2. Le retour de Marius



Bibliographie :

Spécifique : J. Van Ooteghem, Caius Marius, Bibliothèque de la faculté de philosophie et de lettres de Namur, Bruxelles, 1964

Généraux : David Jean-Michel, La République romaine, Coll. Point, Seuil, Paris, 2000

Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome Antique, Tallandier, Saint-Amand-Montront, 2002



La plèbe (du latin : plebs, plebis) est une partie du peuple (populus) romain.
La plèbe — les plébéiens — se définit par opposition aux patriciens ou plus tard à la nobilitas : c'est la partie du peuple qui s'oppose à l'organisation oligarchique de la cité.
En langage courant, la plèbe désigne le peuple.

Les questeurs sont des magistrats romains chargés des finances. Créés au nombre de 2 en 447 av. J.-C. ils sont 4 en 267 av. J.-C., 20 sous Sylla et 40 sous César. Ils sont les gardiens du Trésor, chargés des finances de l'armée et des provinces.

Optimates (en latin : les meilleurs) : tendance politique aristocratique et conservatrice qui marqua le dernier siècle de la République romaine, par son opposition contre les populares.

Populares (en français : populaires) : tendance politique populiste qui marqua la République romaine, notamment au IIè siècle av JC, en s’appuyant sur les revendications des couches les plus pauvres de la société romaine et des non-citoyens.

L'ager publicus doit être différencié de l'ager romanus. Littéralement, c'est le territoire qui appartient au peuple romain contrairement à l'ager romanus qui appartient à Rome.

Dans la Rome antique, le terme de nobilitas désigne les membres les plus éminents de l'aristocratie civique. Cela s’applique en premier à des familles connues par leur ancienneté, il est à l'origine du terme français "noblesse". La nobilitas romaine regroupait à l'origine les patriciens et les descendants de consul.

Les édiles étaient des magistrats de la Rome antique dont la fonction primitive était liée à l'administration urbaine de Rome. L'édilité est intégrée au cursus honorum.

Les préteurs sont en charge des questions judiciaires, rendant ou faisant rendre la justice (ils pouvaient déléguer à souhait). Ils devaient présider aux procès des crimes contre le public, où la pénalité encourue était la mort. Ils promulguent les edicta, un corpus de précédents juridiques qui a permis le développement et l'amélioration des lois romaines. Ils ont une fonction militaire, et doivent recruter, former et mener des armées au combat; sur le terrain, le préteur n'est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux.

Les propréteurs sont des magistrats sortis de charge, qui sont nommés gouverneurs des provinces romaines impériales. Le Sénat déterminait les postes à pourvoir avant les élections, et, immédiatement après, les magistrats élus avaient leur province tirée au sort.

Les proscriptions sont des condamnations arbitraires annoncées par voie d'affiches, et qui donnaient licence à quiconque de tuer les personnes dont les noms étaient affichés. L'assassin recevait une récompense, en général une partie du patrimoine des proscrits.
Les proscriptions furent pratiquées durant la guerre civile entre Marius et Sylla en -90. Puis sous le triumvirat d'Octave, Lépide et Antoine.
Caius Marius dit le sage, général et homme d’État romain, né en 157 av. J.-C. à Cereatae, près d’Arpinum (≈ centre de la botte d’Italie) et mort à Rome en 86 av. J.-C. Fils de Caius et de Fulcinie. Il épouse Julia Caesaris, tante de Jules César. On a beaucoup insisté sur les origines plébéiennes de Marius, « homme inculte » (selon Cicéron) que « personne ne connaissait ». Il était en effet né à Arpinum , dans le pays Volsque, qui était également la ville natale de Cicéron. La famille de Marius n’avait pas de cognomen (troisième nom dont bénéficient les enfants de l'aristocratie à Rome) et son éducation fut plus militaire qu'intellectuelle. Néanmoins, c’était une famille de rang équestre, et elle était suffisamment importante pour entrer dans la clientèle des Caecilii Metelli, l'une des plus grandes famille patricienne de Rome. Lorsque Marius fut en état de combattre, il intègre l’armée personnelle de Scipion pour le siège de Numance.
Le document que nous étudions est le cursus honorum de Marius Caius, qui en latin signifie Carrière des honneurs ou littéralement : course des honneurs. C’était l'ordre d'accès aux magistratures publiques sous la Rome antique. Chacun des mandats durait un an, et les mandats successifs devaient être séparés d’un intervalle minimum de trois ans. Cet ordre était obligatoire, permettait de tester les compétences et d’avoir pour magistrats suprêmes des hommes murs et expérimentés.
Le cursus honorum au IIe siècle av. J.C.
En pré requis, il fallait être éligible, c'est-à-dire appartenir à la classe équestre des citoyens romains, ce qui signifiait au IIe siècle av. J.C. posséder un cens d’au moins 400 000 sesterces. Il est également d’usage d’avoir fait son service militaire. Les magistratures devaient s’enchaîner dans l’ordre suivant :
La questure  C'est la première magistrature du cursus honorum. L'âge minimum était de 28 ans. Le questeur est un magistrat qui assistait le consul ou le préteur en exercice comme trésorier, ou qui était gardien du trésor public.
L'édilité  L'âge minimum pour être édile était de 31 ans, et il fallait avoir précédemment revêtu la questure pour postuler. Les édiles s'occupaient de l'administration de Rome : police des marchés, de l'approvisionnement des marchés, de la police générale et de l’organisation des jeux du cirque.
Les édiles curules étaient élus par les comices tributes, mais les édiles plébéiens par les conciles plébéiens, de plus ils bénéficiaient de l'inviolabilité.
La préture  Il y avait 2 préteurs en 241. Le préteur pérégrin était compétent pour les litiges entre un citoyen et un étranger tandis que le préteur urbain s'occupait de ceux entre deux citoyens, de plus il remplaçait temporairement un consul absent. L'âge minimum était de 34 ans. Les préteurs étaient élus par les comices centuriates. Ils disposaient de l'imperium, ils avaient le droit d'auspices majeurs et bénéficiaient de deux licteurs.
Le consulat  Les consuls, au nombre de deux, étaient les magistrats supérieurs. L'âge minimum était de 43 ans. Les consuls convoquent et président les réunions du Sénat, les comices curiates, les comices centuriates. Ils commandent les armées, et ils sont éponymes (les années portent leurs noms). Les consuls sont élus par les comices centuriates, ils ont le droit d'auspices majeurs, le droit d'imperium et bénéficient de 12 licteurs.
On peut être réélu consul, mais il est d’usage de ne pas se présenter pour un second mandat lorsque on est consul en exercice : il faut être redevenu simple citoyen pour postuler de nouveau au consulat. Une loi confirma cette coutume en -150.



I. L’ascension de Marius
1. Des débuts difficiles

Fort de son service à Numance servant sous les ordres de Scipion Emilien, le vainqueur de Carthage au siège de Numance en Espagne où depuis 10 ans, cette guerre ne fut qu’une longue suite de défaites romaines, en 134/133 av. J.-C.. La première charge qu’obtint Marius fut, à presque vingt-cinq ans, le tribunat militaire (Chaque légion romaine avait 6 tribuns= magistrats) élut par le peuple, par lequel il entrait dans le corps des officiers supérieur. Il parvient à se faire élire questeur en 121 av. J.-C. en Gaule Transalpine, au moment du coup d’état sénatorial contre Caius Gracchus renommés pour sa tentative infructueuse de réformer le système social romain.

On peut penser que ces événements inspirèrent Marius, qui se fit élire tribun de la plèbe en 119 av. J.-C. grâce au soutien des Metelli et débuta son alliance avec les populares affaiblis.
Populares (en français : populaires) : tendance politique populiste qui marqua la République romaine, notamment au IIè siècle av JC, en s’appuyant sur les revendications des couches les plus pauvres de la société romaine et des non-citoyens. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se positionner face au conservatisme des optimates au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes. Les principales revendications soutenues par les populares portaient sur :
• la réforme agraire, l’attribution aux citoyens démunis de terres prélevées sur l’ager publicus conquis par Rome et la création de nouvelles colonies
• l’abolition ou la réduction des dettes des citoyens pauvres
• les distributions de blé à bas prix, puis gratuitement
• l’octroi de la citoyenneté romaine aux municipes italiens
Marcus s'illustra alors en imposant une nouvelle loi sur les procédures de vote (ou de distribution de blé, selon les sources) contre l’avis du consul Aurelius Cotta, qu'il n’hésita pas à menacer de prison. Il acquit ainsi une réputation d'homme politique résolu et une certaine popularité auprès des pauvres (qu'il s'agisse de vote ou de blé, la mesure était en leur faveur). En revanche, il effraya le Sénat et la nobilitas, rendus frileux par les toutes récentes affaires gracquiennes et ils empêchèrent son élection à l'édilité l'année suivante. Sa popularité et ses appuis dans le mouvement des populares lui permirent tout de même d'être élu de justesse préteur en 115 av. J.-C., dernier des six magistrats élus. Mais il dut alors essuyer un procès des optimates pour corruption électorale (qui n'était d’ailleurs pas injustifié, mais aurait pu être intenté à l'ensemble de la classe politique romaine). C'était compter sans les réformes des frères Gracchus pas encore annulées, composant les tribunaux de chevaliers (le rang équestre, le rang juste en dessous du sénat), qui se firent un plaisir d’innocenter Marius également chevalier. Peu à l’aise au sein des intrigues de Rome, c’est finalement par le champ de bataille que Marius accéda au pouvoir.

2. La guerre de Jugurtha.

Après avoir combattu en Lusitanie comme propréteur en 114 av. J.-C., Marius parti en Afrique combattre Jugurtha aux côtés de Quintus Caecilius Metellus Numidicus, le consul de 109 av. J.-C. Outre ses succès militaires à Muthul, Sicca et Zama, Marius s'illustra par son attitude envers ses hommes. Sévère mais juste, n'hésitant pas à accomplir lui-même les corvées pour donner l'exemple, il développa des relations privilégiées avec eux, valorisant régulièrement ses origines « humbles ». Ces soldats étant les principales sources d'informations à Rome sur le déroulement de la guerre, il y acquit vite une forte popularité. Les populares n'hésitèrent pas à exploiter ce succès en l'opposant systématiquement à Metellus, dont ils noircissaient l'attitude. Constatant cette popularité, Marius n'hésita pas à demander congé et à briguer un consulat qu'il obtient avec le soutien de la plèbe, en 106 av. J.-C., devenant un des premiers homo novus (non membre de la nobilitas, n'ayant pas d'ancêtres magistrat) de la République élu à ce poste. S'appuyant sur ses alliés au tribunat, il se fait attribuer le proconsulat en Afrique et le commandement de la guerre de Jugurtha, en Numidie, au détriment de Metellus qui subir l’affront de voir son ancien subalterne s’approprier ses troupes et remporter une guerre qu'il avait déjà lui-même presque gagnée en repoussant le roi numide aux limites de la Maurétanie (la Numidie correspondant à l'Algérie actuelle et la Maurétanie au Maroc). Mais Marius ne put tirer pleine gloire de cette victoire, car c'est son questeur, Lucius Cornelius Sylla, qui capture Jugurtha. De là naquit une haine inaltérable entre les deux hommes. L'année de la victoire de Marius, 105 av. J.-C., fut aussi celle de sa réélection au poste de consul, sans qu’il ait eu besoin, contre toute tradition, de se présenter à Rome. Sa popularité est alors à son comble.
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Message par Sid Jeu 13 Déc - 21:03

II. La « Dictature » de Marius.
1. Les Cimbres et les Teutons

Les défaites répétées des armées romaines au nord face aux Cimbres et aux Teutons furent l'occasion pour Marius de renouveler sa gloire et de consolider son pouvoir. Les deux peuples avaient en effet remporté, au nord des Pyrénées, une série de victoires contre l’armée romaine, favorisées par les rivalités entre les factions patriciennes. Ces défaites affolaient la population romaine, en réveillant le spectre de l’invasion de Rome par les Gaulois au IVe siècle av. J.-C.
Pour Marius c’était l’occasion d'affirmer définitivement sa supériorité sur la nobilitas. Avec l’aide des populares, qui formaient désormais à Rome un véritable parti soudé, il obtient le commandement contre les deux peuples. Ses succès durant la guerre des cimbres et sa popularité lui permirent de le prolonger en se faisant réélire (toujours in absentia) consul en -104, -103, -102 et -101 (créant ainsi une innovation sans précédent, ce type de réélection en chaîne violant toutes traditions institutionnelles).
Après avoir attendus les Cimbres et les Teutons dans la région d'Arles où il fit creuser pour des raisons logistiques, un large fossé appelé Fosses Mariannes à l'embouchure du Rhône, il défait d'abord les Teutons aux environs en 102 av. J.-C. dans une embuscade sanglante, puis écrase les Cimbres dans les Alpes de Gaule à la bataille de Vercellae, en -101 alors qu'ils tentaient de traverser les Alpes.
Triomphant pour la deuxième fois, il avait atteint un niveau de gloire encore inégalé étant même perçu comme un nouveau Romulus. Sa domination sur la vie politique romaine était devenu incontestable, domination qu’il met régulièrement en scène par différentes manifestations : se rendre au sénat en costume triomphal ou se faire accompagner d’une prêtresse Syrienne en symbolisme de liens privilégiés avec les Dieux.
2. La réforme marianique, ou la réforme de l’armée.
Ces victoires, Marius les doit surtout à la réforme de l'armée qu'il entame pendant l'année -106 et achève en 104-103 av. J.-C. avant de partir faire la guerre aux barbares.
Aspects tactiques :
 Il renforce les effectifs, qui, pour chaque légion, passent de 4000 à 6000 hommes. Auxquels s'ajoutent la cavalerie et des vélites, normalement 1200 vélites et 300 cavaliers.
 L'armement, autrefois, diversifié, est uniformisé, et son acquisition est facilitée par une hausse de la solde.
 Il abolit la subdivision en trois lignes (hastaires ou hastati, principes et triaires ou triarii). Il répartit la légion en 10 cohortes de 600 hommes, elles-mêmes divisées en trois manipules de 200 hommes comprenant deux centuries de cent hommes. Attentif au fait que les trains des équipages constituent une tentation pour l'ennemi, intéressé à s'en emparer, Marius décide de le supprimer, chaque légionnaire devant transporter à dos son propre matériel.

Cette réforme tactique était destinée à obtenir des légions plus flexibles, plus mobiles, plus adaptables, plus homogènes dans leur composition, qui correspondraient mieux aux buts impérialistes de la République, alors qu'auparavant les légions étaient destinées seulement à la défendre.

Le recrutement :
 Enfin, et surtout, il supprime le rôle du cens dans le recrutement des soldats : avec la hausse du niveau de vie, le service dans l’armée _source importante de profit en ces temps de conquête_ était devenu quasiment inaccessible pour les classes inférieures de la société romaine. Il avait même fallu, au cours du siècle, abaisser plusieurs fois le cens.

Auparavant, les légions étaient constituées par convocation, une fois l'an, des petits propriétaires, qui avaient les moyens de s'acheter leur équipement de légionnaires et constituaient une armée de guerriers-citoyens.
En supprimant le cens, Marius ouvrit l’armée à une foule de volontaire, désireux d'acquérir gloire et fortune sur le champ de bataille. Cette prolétarisation de l'armée, même si elle ne constitue pas en soi une innovation (la seconde guerre punique avait même nécessité l’emploi d’esclaves) signifiait, en étant cette fois systématisée sur le long terme, un changement total d'esprit : d'une armée de riches, nous passons à une armée de pauvres, d’un nivellement par le haut à un nivellement par le bas. L'équipement est désormais fourni, et une solde est garantie au légionnaire. Surtout, son général lui promet l'occasion de s'enrichir par le butin, et s'engage à fournir un lopin de terre une fois son service terminé. En contrepartie, le soldat s'engage sur une longue durée, ce qui facilite les longues campagnes loin de Rome, et permet d'avoir une armée réellement professionnelle.

Les aspects politiques :

On passa ainsi d'une armée de conscription, constituée de citoyens, à une armée professionnelle composée d'hommes soldés, et motivés essentiellement par l'appât du gain. Les conséquences de cette réforme furent graves pour la République. Désormais, les légions étaient plus enclines à servir les intérêts de leur général, qui correspondaient aux leurs, qu'à servir la République. C'est ce type de légion qui permit les guerres civiles entre des généraux ambitieux tels que Marius et Sylla, ou plus tard Pompée et Jules César. Cependant, seule une armée professionnelle engagée à long terme pouvait être utilisée pour les longues et lointaines guerres menées par Rome pour étendre et maintenir son empire. La réforme marianique marque le passage de l'armée républicaine à l'armée impériale ; il s'agit d'une étape essentielle dans la disparition de la République romaine.

III. Une fin de carriere mouvementée.
1. Une situation qui dégénère.

Réélu pour l'année -101, Marius devient le premier consul à avoir été élu autant de fois de façon consécutive (le seul autre romain à avoir été six fois consul, Corvus, avait vu quarante huit ans s'écouler entre son premier et son dernier consulat). Il pouvait alors sans difficulté imposer ses décisions au Sénat et faire voter des lois agraires en faveur de ses vétérans. Les difficultés vinrent en fait de ses alliés, les populares et en particulier les tribuns Saturninus et Glaucia, qui pendant que leur chef combattait au nord, firent régner la terreur à Rome notamment en assassinant tous ceux qui tentèrent de se présenter contre eux au tribunat. Le Sénat excédé, décide, en dernier recours, de faire appel à Marius pour ramener l'ordre, par le biais d’un sénatus-consulte (l'avis rendu par le Sénat sur le projet de loi que lui présente un consul ou un préteur) ultime qui impose au consul de réprimer les fauteurs de trouble. Marius, inquiété par une situation qui lui échappe, abandonne ses anciens amis et se range au côté du Sénat. Saturninus, Glaucia et tous leur partisans sont exécutés. Bien qu'il conserve des partisans, le meurtre de ses propres alliés laisse Marius très isolé.

Après ces désordres à Rome, le premier rang échoit alors à un patricien ruiné, Sylla, qui entre bientôt en lutte avec Marius.

Après une retraite prolongée dans sa villa de Misène, il voit dans en la guerre contre Mithridate un moyen de redorer son image. Il réussit à réactiver ainsi l'alliance populares, et obtint du tribun Sulpicius Rufus, en -88, le commandement de la guerre contre le roi Mithridate VI (côte nord de la Turquie actuelle). Il espérait ainsi une action d'éclat qui lui aurait permit de reprendre les rênes du pouvoir. Mais il lèse ainsi le consul L. Cornelius Sylla, auquel le commandement devait être dévolu.

Issu d'une grande famille patricienne déchue, Sylla espérait beaucoup de la Première guerre contre Mithridate, qui lui aurait permis de revaloriser son nom et de s'installer durablement au pouvoir. Il s'était déjà illustré sous les ordres de Marius en Numidie, mais surtout pendant la guerre sociale (la révolte des italiens, réclamant le même niveau de citoyenneté que les Romains), où ses exploits, tant comme chef de guerre que comme négociateur, lui permirent d'obtenir le consulat en -88. Néanmoins, il se heurte, comme nous l’avons vu, aux velléités de Marius, et leurs partisans s'affrontent alors violemment dans les rues de Rome.
En effet, si le soutien sans faille des Caecilii Metelli à Sylla lui fit espérer un instant la victoire, et le commandement de la guerre en tant que consul, c’est finalement le vieux Marius, par un plébiscite de dernière minute organisé par le tribun Rufus, qui obtint gain de cause.
Sylla, qui avait déjà recruté son armée, fit semblant d’accepter. Mais c'était pour mieux rejoindre ses troupes basées en Campanie, qui attendaient elles aussi beaucoup de la guerre, et marcher avec elles sur Rome.  début de la guerre civile.
Après avoir éliminé la majorité des forces populares, il fit voter (par des sénateurs terrorisés) un sénatus-consulte mettant tous ses adversaires hors-la-loi. Si Rufus fut décapité, Marius parvint à fuir avec une poignée de partisans sur l’île d'Ischia (dans la mer Tyrrhénienne, au large de l'actuelle Naples), puis en Afrique. Pendant ce temps, Sylla, satisfait, partait avec ses hommes en direction du Pont-Euxin contre le roi Mithridate VI.

2. Le retour de Marius.

Profitant du départ de Sylla, les populares survivants tentèrent de reprendre le pouvoir. Le consul Cinna, pourtant installé par Sylla auquel il jura fidélité jusqu'à ce qu’il partît, proposa dès -87 de rappeler Marius. Cependant Octavius, l'autre consul, et le sénat traumatisés refusèrent net et le destituèrent. Il se réfugia alors en Campanie où il leva une nouvelle armée. La population, encore échaudée par la guerre sociale, se laissa facilement recruter, et Cinna alla jusqu'à engager des esclaves. Il fut rejoint par Marius, à la tête d'une cavalerie maure recrutée en Afrique. Les deux hommes marchèrent sur Rome. L'affrontement fut particulièrement sanglant. Si Sylla s'était efforcé de donner un cadre légal à sa purge, ce qui limita en partie les morts et les destructions, Marius et Cinna se comportèrent intégralement en envahisseurs éliminant leurs adversaires par de nombreuses proscriptions. La ville fut livrée aux populations italiennes ivres de revanche qui se chargèrent de faire payer aux Romains les vicissitudes de la guerre sociale. On raconte que Marius se fit livrer la tête d'Octavius et qu'il s’amusa à l'insulter de la façon la plus ignoble possible. La violence fut telle que Marius et Cinna furent forcés d'engager un commando de Gaulois pour éliminer certaines de leurs troupes devenues trop virulentes. Néanmoins, Marius était revenu au pouvoir. Il s'autoproclama consul avec Cinna, en -86, réalisant les oracles qui autrefois, en Numidie, lui avaient prédit sept consulats. Il mourut la même année le 17 janvier -86 à l’age de 71 ans.


Cclu : Il est difficile de situer clairement le début de la crise qui frappa la République Romaine et généra la majorité des enjeux qui déclenchèrent son expansion. Certains le situent dès la fin de la Seconde guerre punique, lorsque, pour la première fois, un général charismatique (Scipion) concentra entre ses mains, de façon non institutionnelle, la majorité des honneurs et des pouvoirs. D'autres la placent au moment des turpitudes gracquiennes, lorsque des hommes politiques ambitieux (les frères Gracchus) commencèrent à utiliser les classes inférieures de la population (ou plutôt les moins supérieures...) pour forcer les cercles très fermés du pouvoir. Enfin, on peut également placer le début de la crise au début du Ier siècle av. J.-C., lorsque Marius utilisa le peuple pour concentrer entre ses mains la majorité des honneurs et des pouvoirs. En étant le premier à être à la foi un imperator (un grand et puissant général) et un popularis (un politicien prêt à satisfaire les exigences des moins riches), Marius marque effectivement une nouvelle étape dans la crise de Rome, en créant une figure originale qui sera utilisée ensuite par des hommes comme Pompée, César et finalement Auguste
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