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lettre 4 bis / S. Lefebvre

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Message par Lefebvre Sabine Sam 11 Avr - 0:40

3) textes traités dans le cadre des TD
3) Textes traités dans les TD :

16
La première cause des troubles civils fut le testament de César, dont le
second héritier, Antoine, furieux de se voir préférer Octave, avait entrepris une
guerre inexpiable pour s’opposer à l’adoption d’un adolescent si énergique. Voyant,
en effet, que ce jeune homme était dans sa dix-huitième année (âge tendre qui
l’exposait tout naturellement à subir l’injustice) et devant lui-même au fait qu’il avait
été le compagnon d’arme de César un prestige alors à son apogée, Antoine mit, par
les vols qu’il commit, cet héritage en pièces, le poursuivit, lui, de ses injures,
empêcha par tous les moyens son admission dans la gens Iulia et finit par prendre
ouvertement les armes pour écraser le jeune homme. Et déjà, avec l’armée qu’il avait
formée, il assiégeait en Gaule Cisalpine Decimus Brutus qui opposait de la résistance
à ses mouvements. Octave César, qui devait la popularité dont il jouissait à son âge
et à l’injustice subie et qui, grâce à la majesté du nom qu’il s’était donné, avait
rappelé les vétérans aux armes, simple citoyen (qui l’eût cru ?), attaque le consul,
délivre Brutus assiégé dans Modène et enlève son camp à Antoine. C’est bien alors
qu’il montra aussi par son courage physique, la beauté de sa conduite : ensanglanté
et blessé en effet, il rapportait au camp, sur ses épaules, l’aigle qu’il avait reçue des
mains d’un porte-enseigne mourant.
Une seconde guerre fut suscitée par le partage des terres que César
donnait aux vétérans de son père pour prix de leurs services. Déjà foncièrement
mauvais par tempérament, Antoine était en l’occurrence excité par sa femme Fulvie
qui, l’épée au côté, faisait preuve d’une audace toute virile. C’est pourquoi,
soulevant les colons chassés de leurs terres, il avait à nouveau couru aux armes.
Comme cette fois il avait été déclaré ennemi public non plus par un vote des
particuliers, mais par celui du Sénat tout entier, César l’attaqua, l’obligea à
s’enfermer dans les murs de Pérouse et l’accula à la reddition en lui faisant souffrir
l’humiliation et les souffrances d’une famine dont cette ville avait connu tous les
maux.
Alors qu’à lui seul Antoine constituait déjà une lourde menace pour l’État,
Lépide se joignit à lui comme le feu à l’incendie. Que faire contre deux consuls, deux
armées ? Il fallut s’associer à un pacte aussi sanguinaire. Les aspirations de chacun
des partenaires étaient différentes, comme leurs caractères. Lépide était poussé par
le désir des richesses qu’il espérait acquérir à la suite du bouleversement de la
République ; Antoine, par celui de se venger de ceux qui l’avaient déclaré ennemi
public ; César, par le fait que son père n’était pas vengé et que les menées de
Cassius et Brutus étaient une insulte pour ses mânes. C’est sur les bases de cette
sorte de traité que les trois chefs font la paix. Au confluent, entre Pérouse et
Bologne, ils joignent leurs mains et leurs armées les saluent tous les trois. La morale
ne préside guère à l’installation par la force du triumvirat et la République, opprimée
par les armes, voit renaître les proscriptions à la Sylla, dont le chiffre de cent
quarante sénateurs tué n’est pas la moindre atrocité. La mort y fut affreuse,
horrible, pitoyable, pour ceux qui fuyaient par tout l’univers. Qui pourrait assez se
lamenter sur le caractère indigne d’une situation en vertu de laquelle Antoine avait
proscrit son oncle Lucius César, Lépide, son frère Lucius Paulus ? Sans doute avait-
on déjà l’habitude, à Rome, d’exposer aux rostres les têtes des victimes : même dans
ces conditions, cependant, la cité ne put retenir ses larmes, quand elle vit la tête
tranchée de Cicéron sur cette tribune qui avait été la sienne — et l’on accourait pour
le voir, comme on le faisait d’habitude pour l’entendre. Ces crimes étaient inscrits
sur les tablettes d’Antoine et de Lépide : César se contenta d’y mettre les noms des
assassins de son père pour éviter qu’en demeurant impuni, le meurtre de celui-ci ne
finît à la longue par paraître juste.
Brutus et Cassius semblaient avoir chassé C. César du trône, comme on
avait chassé le roi Tarquin, mais leur parricide entraîna lui-même la perte de cette
liberté qu’ils avaient voulu intégralement rétablir. Aussi, une fois le meurtre accompli,
craignant — non sans raison — les vétérans de César, ils s’étaient réfugiés aussitôt
de la Curie au Capitole. Ce n’est pas le désir de vengeance qui manquait aux
premiers, mais ils n’avaient pas encore de chef. Donc, comme on voyait quel carnage
menaçait la République, on rejeta l’idée de la vengeance, tout en désapprouvant le
crime. Bien que, sur les conseils de Cicéron, un décret d’amnistie eût été pris — pour
ne pas s’offrir aux regards de la foule affligée, les meurtriers s’étaient retirés en
Syrie et en Macédoine, provinces qui leur avaient été données par leur victime elle-
même, César. C’est ainsi que la vengeance de César fut différée plutôt qu’étouffée.
FLORUS, II, 15-17 (trad. P. Jal légèrement modifiée)

17
1. À l’âge de dix-neuf ans, par décision personnelle et à mes propres frais,
j’ai levé une armée avec laquelle j’ai rendu la liberté à la République opprimée par la
tyrannie d’une faction. Pour cette raison, le Sénat, par des décrets honorifiques, me
coopta dans son ordre sous les consuls Gaius Pansa et Aulus Hirtius (43 a.C.), en me
conférant le droit de donner mon avis parmi les consulaires ; en outre, il m’accorda
l’imperium. Il me confia le soin de veiller en qualité de propréteur, conjointement
avec les consuls, à ce que la République ne connût pas de dommage. Le Peuple,
quant à lui, m’élut la même année consul, après que les deux consuls étaient tombés
à la guerre, et triumvir pour restaurer de la République.
2. Ceux qui ont assassiné mon père, je les envoyai en exil, et je vengeai
leur crime en vertu d’actions judiciaires conformes à la loi. Et, quand après cela, ils
firent la guerre à la République, je les ai vaincus deux fois en bataille rangée.
3. J’ai fait souvent la guerre sur terre et sur mer, civiles ou extérieures,
dans le monde entier, et après la victoire j’ai épargné tous les citoyens qui
demandaient grâce. Quant aux peuples étrangers à qui on pouvait pardonner en
toute sécurité, j’ai préféré les conserver que les exterminer. Environ cinq cent mille
citoyens m’ont prêté le serment militaire. De ceux-ci, j’en ai établi dans des colonies
ou renvoyé dans leurs municipes d’origine un peu plus de trois cent mille, une fois
qu’ils avaient terminé leur temps de service ; à tous j’ai assigné des terres ou donné
de l’argent comme récompense pour leur service militaire. J’ai pris six cents navires,
sans compter ceux qui étaient plus petits que des trirèmes. […]
24. Une fois vainqueur, je replaçai dans les temples de toutes les cités de
la province d’Asie les ornements que celui avec qui j’avais été en guerre s’était
appropriés à titre privé après en avoir dépouillé les temples. […]
25. J’ai libéré la mer des pirates. Au cours de cette guerre, j’ai capturé
trente mille esclaves qui avaient échappé à leurs maîtres et pris les armes contre la
République, et je les ai rendus à leurs maîtres pour qu’ils fussent châtiés. De son
plein gré l’Italie toute entière m’a prêté serment d’allégeance, et m’a réclamé comme
chef pour la guerre dans laquelle j’ai remporté la victoire d’Actium. Les provinces des
Gaules, des Hispanies, de l’Afrique, de la Sicile et de la Sardaigne prêtèrent serment
dans les mêmes termes. Ont alors servi sous mes enseignes plus de 700 sénateurs
et 83 d’entre eux avaient déjà été ou sont ensuite devenus consuls jusqu’au jour où
j’écris ceci, 170 environ sont devenus prêtres.
26. J’ai agrandi les frontières de toutes les provinces du Peuple romain,
dont étaient voisines des nations qui n’obéissaient pas à notre pouvoir. J’ai pacifié
les provinces des Gaules et des Hispanies, ainsi que la Germanie, tout le territoire que
délimite l’Océan, entre Gadès et l’embouchure de l’Elbe. J’ai pacifié les Alpes de la
région qui est proche de la mer Adriatique jusqu’à la mer Tyrrhénienne, sans jamais
faire la guerre de manière injuste à un peuple. Ma flotte a navigué sur l’Océan de
l’embouchure du Rhin vers des régions orientales jusqu’au pays des Cimbres, où
aucun Romain n’était jamais parvenu jusqu’à cette date, ni par terre ni par mer. Les
Cimbres, les Charydes et les Semnons, ainsi que d’autres peuples germains de cette
région, ont demandé par des ambassadeurs mon amitié et celle du Peuple romain.
Sous mon commandement et mes auspices, deux armées ont été conduites à peu
près en même temps en Éthiopie et dans l’Arabie qu’on appelle Heureuse ; dans les
deux nations, de grandes masses d’ennemis ont été détruites en bataille et plusieurs
places-fortes ont été prises. En Éthiopie, on en est parvenu jusqu’à la ville de Nabata,
dont Méroé est proche. En Arabie, l’armée avança jusqu’à la ville de Mariba, au pays
des Sabéens.
27. J’ai ajouté l’Égypte à l’empire du Peuple romain. Alors que j’aurais pu
faire de la Grande Arménie une province après l’assassinat du roi Artaxès, j’ai
préféré, d’après l’exemple de nos ancêtres, transmettre ce royaume par
l’intermédiaire de Tibère Néron, qui était alors mon beau-fils, à Tigrane (II), fils du roi
Artavasde et petit-fils du roi Tigrane (Ier). Et cette même nation, quand elle se fut
ensuite séparée de nous, quand elle se fut révoltée et qu’elle eut été soumise par
mon fils Gaius, j’en remis le gouvernement au roi Ariobarzane, fils du roi des Mèdes
Artabaze, et après sa mort, à Artavasde, son fils. Lorsque ce dernier eut été tué,
j’envoyai dans ce royaume Tigrane (IV), qui était issu de la famille royale arménienne.
J’ai recouvré toutes les provinces qui, au-delà de la mer Adriatique, s’étendent vers
l’Orient, ainsi que Cyrène, dont une grande partie était au pouvoir de rois, et
auparavant la Sicile et la Sardaigne, qui avaient été occupées lors de la guerre
servile, je les ai récupérées.
28. J’ai installé des colonies de soldats en Afrique, Sicile, Macédoine, dans
les deux Hispanies, l’Achaïe, l’Asie, la Syrie, la Gaule Narbonnaise et la Pisidie. L’Italie
quant à elle compte 28 colonies fondées par mon initiative, qui déjà de mon vivant
ont été très florissantes et peuplées.
29. J’ai récupéré, en Hispanie, en Gaule, et en Dalmatie, après avoir vaincu
des ennemis, plusieurs enseignes militaires perdues par d’autres généraux. J’ai forcé
les Parthes à me rendre les dépouilles et les enseignes de trois armées romaines et à
demander en suppliants l’amitié du Peuple romain. Et ces enseignes, je les ai
déposées dans la chambre sacrées qui se trouve à l’intérieur du temple de Mars
Vengeur.
30. Les nations pannoniennes, avec lesquelles aucune armée du Peuple
romain n’avait jamais eu de contact avant mon principat, je les ai soumises au
pouvoir du Peuple romain, après les avoir défaites par Tibère Néron, qui était alors
mon beau-fils et mon légat ; et j’ai porté les frontières de l’Illyricum jusqu’à la rive
du Danube. Une armée dace, qui avait franchi celui-ci, a été vaincue et anéantie sous
mes auspices, et après cela mon armée fut menée au-delà du Danube et força les
peuples daces à accepter les ordres du Peuple romain.
31. Vers moi ont été souvent envoyées des ambassades des rois de
l’Inde, que l’on n’avait jamais vues avant ce temps auprès d’aucun chef romain. Les
Bastarnes, les Scythes et les rois des Sarmates qui habitent de part et d’autre du
Tanais, le roi des Albaniens ainsi que ceux des Hibères et des Médes ont demandé
notre amitié par des ambassadeurs. […]
33. C’est de moi que les nations des Parthes et des Mèdes reçurent les
rois qu’ils m’avaient de mandés par des ambassadeurs qui étaient de grands
seigneurs de ces peuples : les Parthes, Vononès, fils du roi Phraatès (IV), petit-fils du
roi Orodès ; les Mèdes, Ariobarzane, fils du roi Artavazde, petit-fils du roi
Ariobarzane.
Res gestae divi Augusti. Hauts faits du divin Auguste,
(trad. J. Scheid légèrement modifiée)

Lefebvre Sabine
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Date d'inscription : 28/03/2009

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