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Cours du 13 octobre

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Cours du 13 octobre Empty Cours du 13 octobre

Message par Lefebvre Sabine Mar 13 Oct - 23:33

Jeunes gens,

voici le cours d'aujourd'hui. J'espère être de retour parmi vous mardi prochain. Si je ne suis aps assez rétablie, je mettrai un message sur le forum.

Travaillez bien, préparez des questions si vous en avez, afin que je puisse y répondre.

BOn courage
Sabine Lefebvre



2009/10 – L3 – CM3




Les résistances à la conquête





BIBLIOGRAPHIE


E. BADIAN, Notes on provincia Gallia in the Late republic, Mél. Piganiol, II, 1966, p. 901-918.
CH. DELAPLACE ET J. FRANCE, Histoire des Gaules, VIe av/VIe ap, Paris, 1995.
Ch. EBEL, Transalpine Gaul. The emergence of a Roman province, Leyde, 1976.
C. JULLIAN, Histoire de la Gaule, III, Paris, 1909.
M. BENABOU, La résistance africaine à la romanisation, Paris, 1976, avec une réédition en 2005.


INTRODUCTION

Les refus de l’intégration, que l’on peut qualifier de révoltes, ou de résistances sont avant tout de type militaire ou politique.
Elles sont peu documentées, car les auteurs romains ont plutôt choisis de raconter les actes valorisants, ce que ne sont pas ces révoltes qui témoignent d’un manque de réussite des Romains. Bien entendu, les révoltés n’ont pas laissé de traces écrites, et pour analyser les faits nous ne disposons que des sources romaines …

Au cours des 4 siècles traités par la question au programme, le nombre des révoltes va diminuer, et surtout elles vont changer de physionomie. Il semble donc utile d’évoquer rapidement les traits caractéristiques des révoltes à l’époque républicaine, avant d’aborder les révoltes de l’époque impériale.


I. LES SOUBRESAUTS DE L’EPOQUE REPUBLICAINE

A. LES RAISONS DE LA REVOLTE


Dans les années qui suivent la conquête des territoires en Occident, les révoltes sont fréquentes, en particulier en Péninsule ibérique, où les tribus ont mal acceptées la présence romaine.

En effet, l’une des raisons principales est l’intégration insuffisante des tribus conquises : pas assez romanisée, ne connaissant pas encore bien le modèle romain, et ne l’ayant pas accepté, les tribus se révolte, pillent les cités fidèles à Rome. Il faut parfois les interventions de plusieurs généraux pour venir à bout de ces tribus agitées.
Mais cette agitation n’est pas la même dans tous les territoires : ainsi, il l faut noter que lors des invasions cimbres et teutonnes de 113/101 av. J.-C., la majorité des peuples concernés ne bougent pas, ni en Péninsule ibérique (sauf les Celtibères en 105) ni en Gaule du sud (sauf les Volques tectosages). Ce calme est un indice de la forte intégration à l’empire et de la résignation ou de l’acceptation véridique du système romain.

L’autre motif des révoltes est le poids de la présence romaine. En effet, certains ont du mal à accepter et à comprendre le nouveau statut provincial, alors que d’autres l’ont parfaitement intégré.
⇒ cf. séance sur L’administration des provinces
En effet, la création d’une province liée à un découpage territoriale et à la création de nouvelles limites rompt les structures traditionnelles, sociales et politiques ; c’est le cas en 197 av. J.-C. en Péninsule, ou en Gaule du Sud avec la séparation en deux des Rutènes.
De plus, les populations ont regroupées de façon autoritaire dans des villes de plaine, devant renoncer à leur habitat perché traditionnel. Cela entraine la colère des autochtones.

Une autre motivation des révoltés est le poids du tribut. Dans le cadre provincial, des impôts sont perçus, souvent lourds.
⇒ cf. séance sur L’administration des provinces
A côté de l’imposition directe, les populations locales doivent aussi fournir des troupes auxiliaires, un ravitaillement pour les troupes, des corvées …. Elles se voient aussi confisquer des terres. La lourdeur fiscale oblige les indigènes à emprunter des fonds ; aunât du mal à rembourser, ils s’endettent lourdement. Cela combiné aux vexations, aux interdictions, bref au poids de l’administration romaine est susceptible de donner naissance à une révolte.

De ce fait l’attitude du gouverneur, qui applique les règlements romains est fondamentale. Un gouverneur particulièrement dur est plus particulièrement susceptible d’être la cause de mouvements de la part des provinciaux, qu’ils soient juridiques et donc légaux dans un premier temps, puis insurrectionnels.
Ainsi en 65/64 av. J.-C., le propréteur L. Licinius Murena parvient à faire payer toutes les créances des citoyens romains sur la Gaule Transalpine –il gère aussi la Cisalpine-, comme avait pu le faire M. Fonteius quelques années plus tôt. Après des décès dus à la famine, les provinciaux portent plainte à Rome ; Murena est défendu par Cicéron (Pro Murena). L’ambassade allobroge arrive en 63 et rencontre sur le forum des complices de Catilina qui leur proposent de se joindre à la conjuration (Cicéron, 3e Catiinaire). Après avoir demandé conseil à leur patron Q. Fabius Sanga (sans doute un descendant du conquérant Fabius Maximus Allobrogicus), car ils veulent rester dans la légalité, ils peuvent confier à Cicéron la proposition des amis de Catilina. Le consul leur propose de les écouter et de les aider contre leur témoignage. Mais en 62 av. J.-C. alors que Rome est débarrassé de Catilina, les Allobroges n’ont toujours pas obtenu satisfaction : ils ont le sentiment partagé par de nombreuses peuples conquis, que Rome ne les écoute pas. La révolte de Catugnatos, chef des Allobroges débute et le calme ne revient qu’après l’envoi de troupes en Transalpine sous le commandement de C. Pomptinus.
⇒ cf. séance sur L’administration des provinces

La réponse de Rome à ces révoltes d’époque républicaine, est toujours la même : l’envoi de troupes. Il faut en effet circonscrire la révolte : il est hors de question que la contagion s’étende, et que des alliances soient nouées entre les tribus et les peuples conquis. Il faut isoler le peuple révolté, parfois en allégeant le poids de la présence romaine pour les voisins ou en leur octroyant un statut plus intéressant. Vaincus, les révoltes subissent des punitions : murs rasés, tribut alourdi ….
Mais le climat insurrectionnel nuit considérablement au calme nécessaire au bon déroulement du commerce ; marchands et négociants fuient, et il faut souvent plusieurs années pour que les circuits économiques soient rétablis.


II. LA VARIETE DES REVOLTES A L’EPOQUE IMPERIALE

Elles sont peu connues, les sources contemporaines ne donnant pas toujours des détails sur des épisodes qui ne mettent pas en valeur la puissance romaine. De plus certaines révoltes ne concernent que des régions très circonscrites, apparaissant comme très modestes depuis Rome. Tacite est ainsi la seule source dont nous disposons sur la révolte de 21 en Gaule du Nord.

[Remarque : j’ai choisi de vous présenter chaque révolte dans son intégralité, puis de vous donner quelques pistes vous montrant les points communs de ces révoltes]

A LA REVOLTE DE 21 EN GAULE

Sous le règne de Tibère, cette révolte a ranimé un temps la terror Gallicus.

Les causes de cette révolte sont avant tout liées à la personnalité de Tibère, prince peu populaire, seul au pouvoir en 14, après avoir été associé à Auguste en 4 ap. J.-C.
Certes, il renonce aux expéditions en Germanie, ce qui réjouit les populations gauloises du Nord-est en particulier, menacées par le passage des troupes et les risques d’attaques barbares, mais Tibère reste peu apprécié par les notables gaulois, en raison de son autoritarisme : les territoires conquis doivent obéir à Rome !

Mais un autre élément nuit à sa réputation : il s’agit de la mort de Germanicus, son neveu et héritier présomptif. Bien connu en Gaule où il est très apprécié, ce jeune prince, responsable entre autres de la construction de l’autel de Lyon consacré au culte impérial en 12 av. J.-C., meurt dans des conditions mystérieuses en orient en 19 ap. J.-C. Tibère pourrait être le responsable de son empoisonnement ….
[remarque : il serait judicieux de reprendre l’arbre généalogique des Julio-claudiens ..]

La mort de Drusus consomme la rupture des liens entre la famille impériale et les Gaules : jusque là, les gouverneurs, entre autres des provinces de Gaule chevelue, ont souvent été des membres de la famille impériale, ce qui se traduisaient par des liens très forts noués : le prestige du gouverneur rejaillissait sur les provinciaux !. Mais à partir de Tibère, ce n’est plus le cas : ce prince envoie des gouverneurs n’appartenant pas à la famille impériale. Les Gaules se sentent abandonnées ! Et elles en veulent au prince.

Cependant d’autres raisons, économiques, peuvent être évoquées : les Gaulois vaincus par César devaient payer chaque année un tribut dont le montant total avait été fixé lors de la conquête à 40 millions de sesterces, ce qui pour un territoire aussi vaste, ne représente pas une somme si colossale. Or depuis la mort d’Auguste, les guerres en particulier contre Arminius en Germanie jusqu’en 19 ap. J.-C. coutent cher. Tibère durcit donc le régime fiscal et demande aux cités libres et fédérées de participer au tribut de façon temporaire. Mais la mesure perdure.
En plus, les notables gaulois qui souhaitent participer à la vie « à la romaine » s’endettent afin de pouvoir faire construire des maisons, d’acheter des vêtements et surtout de participer à la vie politique locale, fort onéreuse (la summa honoraria). La « romanisation » coute cher !
⇒ cf. séance sur Le fonctionnement des cités

N’oublions pas le poids des gouverneurs, qui comme à l’époque républicaine, peut être lourd ! L’exercice de la justice, la levée de troupes (dilectus) pèsent sur les populations locales.

C’est en 21 ap. J.-C., que plusieurs notables expriment leur mécontentement : c’est la révolte dans les provinces gauloises ! Les révoltés sont avant tout des urbains, membres des élites locales ; en théorie, ils font partie du groupe susceptible d’être intégré et romanisée en premier. Les chefs présentent un profil particulier :
• ce sont des citoyens romains, dont la famille a été promue assez tôt, par César sans doute comme en témoigne leur nom (Iulius donné par César ou par Augsute). Ils appartiennent donc aux fidèles.
• ce sont des notables, des personnages importants dans leur cité, ce qui leur permet d’entrainer leurs concitoyens.
• ils ont souvent participé comme auxiliaires à l’armée romaine : ce sont donc des déserteurs, mais qui connaissent la stratégie et la tactique employées par les Romains. En effet, ils ont même été des cadres de l’armée romaine du Rhin.
Les notables, qui ont accepté la présence romaine et qui ont largement contribué à la diffusion et à l’acceptation du modèle romain se sentent mal récompensés.

Plusieurs des chefs sont connus :
• Iulius Florus est un trévire, citoyen d’une cité libre proche de la frontière. Les Trévires sont un peuple germanique. Cette proximité en fait une cité pouvant devenir dangereuse, car la révolte des Trévires peut conduire à la reprise de la guerre en dehors de frontières, ce que Tibère ne veut pas.
• Iulius Florus est un éduen de la cité fédérée d’Augustodunum (Autun). Il utilise sa cité, fortifiée, car centre d’opération. De plus, il garde en otage les jeunes notables gaulois venus là pour étudier : Autun est un centre intellectuel reconnu. Il espère ainsi que les familles de ces otages se rangeront à son côté et entraineront leurs propres cités. Les Eduens sont pourtant de vieux alliés de Rome ; leur position centrale est un risque : ils voisinent avec les Séquanes, qui rejoignent le mouvement, et réussissent à entrainer les Andécaves et les Turoniens.

Aussi, lorsque Tacite nous présente les révoltés comme un ramassis de brigands, d’aventuriers, de gladiateurs en rupture de ban, il faut nuancer et corriger son propos. En noircissant sur un plan moral et social l’adversaire des Romains, il met en avant l’ingratitude des révoltés.

L’armée gauloise est la première être réunie depuis Vercingétorix : 40 000 soldats, mais seulement 1/5 qui possèdent des armes proches de celles des légionnaires. Les autres sont équipés par des pieux, des outils agricoles ou des instruments de chasse.

L’absence de réaction de Tibère, dans un premier temps, peut surprendre. En effet, lors du déclenchement, il est occupé par des procès mettant en cause des sénateurs, et cela l’occupe beaucoup. Tacite nous dit que Tibère va juger Iulius Sacrovir pour crime de lèse-majesté !!!
Le légat de Lyonnaise, Acilius Aviola utilise les cohortes stationnées à Lyon et des détachements des légions de Germanies, fournis par C. Silius, légat de Germanie supérieure et par Visellius, légat de Germanie Inférieure qui envoie des troupes cantonnées à Vetera (Xanten). Iulius Indus, un trévire fidèle à Rome lève un troupe de cavaliers qu’il propose à Rome.

Les étapes de la lutte en Gaule sont connues par Tacite ; je n’en mentionnerai que quelques uns :
• Contre les Andécaves, Acilius Aviola envoit la seule cohorte disponible, mais il a besoin de l’aide des légats de Germanie cotre les Eduens et les Turoniens/
• Iulius Florus est fait prisonnier par les troupes venues de Mayence et de Cologne, mais il réussit à s’échapper. Poursuivi par Iulius Indus, son compatriote, il se suicide afin de ne pas être pris vivant.
• Iulius Sacrovir dispose des ressources d’Autun et du petit peuple qui n’a rien à perdre.

Les Romains sont victorieux et le calme revient très vite en Gaule.

B. LA REVOLTE DE TACFARINAS EN AFRIQUE DE 17 A 24

La province d’Afrique est peuplée, au début du Ier sicèle, encore en grande partie de nomades, surtout vers Sud de la province.
Mais Rome s’y investit d eplus en plus, comme en témoigne la mise en place d’un nouveau système défensif avec l’installation de la IIIe légion Augusta à Haidra (Ammaedara), entre 6 et 14, pour lutter contre les Musulames, contrôler route entre Gabes/ Carthage et Bougie, et contrôler les déplacements de population en Numidie. IL s’agit là de la poursuite de la politique augustéenne avec le développement de la colonisation développée au Ier av. J.-C. : mais cela constitue une menace pour les espaces de pature des nomades.
Tibère entame la construction de routes stratégiques entre Gabes et Haidra, et de Lepcis Magna vers l’intérieur des terres, ce qui constitue un prélude à la guerre.

Les Romains tentent de sédentariser les nomades en leur accordant la concessio agrorum : il s’agit de terres à cultiver alors que ce sont des nomades ! Mais ils obtiennent aussi une garantie pour les terrains de parcours.
Cependant la « romanisation » de l’Afrique passe par la perte du mode de vie traditionnel, ce que refusent certaines tribus : elles veulent conserver leur liberté et ne peuvent accepter la colonisation romaine.

La présence d’un chef, Tacfarinas, un numide, permet de rassembler les opposants. Son peuples est en cours de sédentarisation, et semble avori accepté la présence romaine. Lui-même a été soldat de Rome, il connaît donc les techniques de combat. A-t-il déserté ? on ne sait.

Il s’agit d’une guerre longue et difficile, de 17 à 24. Les préparatifs sont importants : Tacfarinas contacte les Musulames (peuple non urbain), venant du Nord des Aures près de Tebessa (Théveste), mais aussi des Maures, les Cnithiens, les Garamantes … Il s’agit d’une véritable organisation, avec la fournitures de troupes.
La méthode de combat relève de la guérilla, du harcèlement, mais avec une ampleur géographique limitée autour de Haidra (Ammaedara).
La réplique impériale est lente. Selon Y. Le Bohec, Tibère se soucie davantages des problèmes que lui causent les sénateurs à Rome. Il y a néanmoins des troupes romaines :
- la IIIe légion Auguste
- des troupes auxiliaires romaines
- les troupes maures de Juba II et Ptolémée de Maurétanie
- la IXe légion Hispana entre 20 et 23

Mais les Romains rencontrent des difficultés : le terrain est difficile, les troupes révoltées très mobiles et elles refusent le combat de front. En 4 ans adaptation, Rome a du mal à trouver le bon général. Se succèdent :
Furius Camillus en 17/18
L. Apronius entre 18/21 : il obtient un triomphe
Q. Iunius Blaesus en 21/23 : c’est un vrai stratège de la révolte : il obtient le triomphe et le titre imperator
P. Cornelius Dolabella en 23/24 : il fait le siège de Thubursicu Numidorum. Tacfarinas se suicide à Auzia : le général obtient le triomphe

Les conséquences de cette victoire sont importantes : Rome obtient un calme relatif, plusieurs tribus étant brisées comme les Musulames et les Cnithiens. Les Romains entreprend la cadastration du Sud tunisien en 29/30 par la IIIe légion vers le Chott El Djerid.

⇒ cf. polycopié La révolte de Tacfarinas p. 10-11

C. LA REVOLTE DE BOUDICCA EN BRETAGNE

La province de Bretagne, conquise en 43, est une province jeune et insuffisamment romanisée ; il est donc peu étonnant qu’une révolte soit survenue assez vite après l’organisation de la province. Tacite et Dion Cassius se font l’écho de cette révolte.

Selon eux, le poids de l’administration est lourde ; Néron qui a besoin d’argent demande à ses agents, les procurateurs financiers des provinces impériales d’augmenter la pression fiscale ; en Bretagne le procurateur Decianus Catus applique les consignes du prince, alors que le légat d’Auguste propréteur, C. Suetonius Paulinus est plus mesuré : les deux hommes s’affrontent. Le prestige de Rome auprès des populations ne résiste pas à ce crêpage de chignon !
De plus Néron veut mettre fin aux protectorats locaux, qui existent encore dans certaines provinces (cf. le royaume de Cottius dans les Alpes). Certains rois bretons sont directement visés.
Il ne faut pas oublier que la fondation de la colonie de Camulodumum (Colchester) en 49 sur les terres de Trinobantes a entrainé leur expulsion, et que la population a été assez mal traitée. Or Camulodunum n’est pas protégé par une enceinte, ce qui représente un risque. Comme en Gaule, les notables sont enedettés auprès des financiers romains ; le culte impérial, rendu obligatoire sans ménagement est mal accepté par les autochtones qui doivent financer le temple du culte à Camulodunum.

Or, en 60 le roi icénien Prasutagus meurt : client de Rome, il laisse son royaume à moitié à Néron, en espérant que ce dernier n’en voudra pas plus, et à moitié à son épouse Boudicca et à leurs filles. Mais Néron veut le TOUT ; il demande à son procurateur Decianus Catus d’éliminer les autres héritiers, ce que ce dernier fait sans ménagement : les filles de Boudicca sont violées, les biens de Boudicca confisqués. Les notables icéniens sont obligés de rembourses les banquiers romains et une partie de la population est réduite en esclavage : les Icéniens, désespérés, se révoltent autour de Boudicca.

C. Suetonius Paulinus, gouverneur en 61, doit en parallèle traquer les druides : il attaque l’île de Mona, située à l’ouest de la Bretagne. Il s’agit du repaire de druides ayant fuit les Gaules. Les troupes l’accompagnant, le centre de la Bretagne est dégarni. Les Icéniens profitent de l’occasion, cherchent des alliés. Mais leur but n’est pas d’obtenir leur indépendance mais bien de refuser le poids trop lourd de Rome : ce n’est pas une révolte contre Rome, mais bien contre le mauvais prince.

Les Romains sont très vite persuadés qu’ils ont reçu un mauvais sort : de nombreux présages annoncent leur défaite. De plus, Decianus Catus prend la fuite. Camulodunum est prise, pillée, incendiée et la population romaine massacrée.
Averti C. Suetonius Paulinus chercher à protéger Londinium, port de la Bretagne mais il ne le peut : Verulamium (St Albans) et Londinium sont abandonnées et 70 000 Romains meurent
- C. Suetonius Paulinus essaie de protéger Londinium (Londres) et ses troupes

Le lieu de la bataille décisive est choisi par C. Suetonius Paulinus : s’opposent 10 000 romains à 230 000 bretons (hommes, femmes, enfants), commandés par Boudicca. La bataille est perdue par Bretons -80 000 morts) ; Boudicca se suicide. La victoire est acquise à Rome en 43 ap. J.-C.
Des renforts arrivés des Germanies aident C. Suetonius Paulinus dont la cruauté est mentionnée. Néron s’interroge sur l’opportunité de conserver cette province. Mais comme Suétone le signale, Néron respecte ( !) la mémoire de Claude et veut conserver la province même s’il se rend compte qu’elle est difficile à tenir.
Un nouveau personnel est nommé : Iulius Classicus est le procurateur financier, et les gouverneurs qui se succèdent sont désormais des administrateurs et non des conquérants ; il s’agit désormais d’organiser la conquête et non plus d’exploiter sauvagement. Il faut redonner confiance aux populations locales afin que l’intégration soit réussie.

D. LES SUITES DE LA GUERRE CIVILE DE 68/69 AP. J.-C. EN GAULE

La dernière révolte que l’on connaît pour les provinces occidentales sous le Haut-Empire est liée à la guerre civile qui déchire Rome en 68/69. Là encore la révolte n’est pas menée contre la présence romaine, mais contre le mauvais prince qu’est Néron. Cette révolte peut même être considéré comme la marque de la ferveur qui unit les provinces occidentales et le pouvoir impérial.

Iulius Vindex, originaire Aquitaine, est gouverneur de Lyonnaise en 68. Il est le symbole de la civilisation gallo-romaine, étant un autochtone dont la famille a été romanisée. Pour lui Néron, trop proche du monde oriental, est un mauvais prince. Il estime que C. Sulpicius Galba, gouverneur de Tarraconaise et ex commandant des légions du Rhin ferait un bien meilleur empereur.
Mais contre Galba et Vindex se dresse Vitellius, légat de Germanie Inférieure, acclamé comme empereur par ses troupes. Il obtient le soutien des Trévires, des Lingons et de Lyon, capitale de Lyonnaise. Surtout, il contrôle les troupes de Germanie !

Les étapes militaires sont nombreuses à être connues ; je n’évoquerai que quelques péripéties :

• en 68 ap. J.-C. la bataille de Besançon permet la rencontre de Vindex et de Verginius, partisan de Vitellius : Vindex accepte de se replier mais les troupes gauloises de Verginius refusent cette solution et attaquent par surprise les troupes de Vindex. Ce dernier se suicide devant un tel massacre inutile.

• Galba est acclamé empereur à Rome et Néron se suicide. Les villes qui sont soutenu le nouveau prince sont remerciées ; mais les peuples ayant soutenu Verginius sont en colère car ils se croient vainqueurs de l’armée de Vindex alors qu’ils sont considérés comme des vaincus par Galba.

• En janvier 69, l’armée de Germanie proclame empereur Aulus Vitellius, son commandant en chef, contre Galba ! Mais ce dernier est assassiné à Rome par les soldats de Salvius Otho, fidèle à la mémoire de Néron.

• Vitellius entame une marche vers Rome, en parallèle avec Valens qui descend le long de la vallée du Rhône (épisode de Lyon et de Vienne) ; Metz est ravagé, Aventicum, (Avenches) se rend mais sa population est vaincue ou massacrée.
La rencontre entre Vitellius et Othon a lieu dans le nord de l’Italie : Othon vaincu se suicide, Vitellius est empereur. Il punit les cités favorables à son adversaire.

• En juillet 69 , Vitellius doit combattre T. Flavius Vespasianus arrivant Orient ; c’est un très bon général, proclamé empereur par ses troupes.

C’est dans ce contexte que des cités gauloises se révoltent. Tacite présente cette guerre comme étant une guerre extérieure face à des peuples indomptables, alors qu’elle n’est que la suite de la guerre civile des années 68/69.

Iulius Civilis organise la révolte ; cela rappelle le souvenir d’Arioviste (58 av. J.-C.) et ravive la terror Gallicus. C’est un batave de haut rang qui a été officier dans l’armée romaine ; il connaît les techniques de combat. Mais son attachement pour Rome est faible selon Tacite, alors qu’il est citoyen romain. Son frère Iulius Paulus est accusé de trahison sous Néron : il est exécuté, alors que Civilis est délivré par Galba et est accusé à nouveau par Vitellius …. Certains chercheurs pensent que Civilis a pu être utilisé par les agents de Vespasien afin de créer un front dans le dos de Vitellius alors que lui-même marchait vers Rome. La non-reconnaissance de son action par le prince aurait pu être la cause de sa révolte.
Cependant les autres peuples de la Gaule, se rendent compte qu’ils ont besoin de Rome, qui est la seule à pouvoir maintenir la paix entre eux et à pouvoir les protéger contre les Barbares. Plusieurs notables gaulois se rallient :
• Iulius Classicus et Iulius Tutor chez les Trévires
• Iulius Sabinus chez les Lingons
Les révoltés proclament l’empire des Gaules, que veut commander Civilis ; il prend des camps, Vetera (Xanten) : l’armée romaine est décomposée. Mais le mouvement s’essouffle, les partisans n’affluent que très lentement.

Lors d’une assemblée réunie à Reims, le concilium Galliae, les divers représentants de chaque cité se demandent que choisir :
- la tutelle germaine est plus lourde
- la tutelle romaine est connue et est supportable.
Les Gaulois finissent par choisir la fidélité à Rome et au nouveau prince Vespasien. Le discours de Petilius Cerialis, qui dirige l’expédition contre Civilis, est sans doute pour beaucoup dans leur choix.
⇒ cf. polycopié Le discours de Cerialis p. 11-12

La crise est terminée en 70 : elle a permis aux Gaulois, et surtout aux élites urbaines de prendre conscience de leur profonde romanité. Leur peur du germain et d’une civilisation plus barbare est plus forte que le poids de la présence romaine.

Conclusion

C’est donc dès la fin du Ier siècle ap. J.-C., que l’on peut considérer que le modèle romain est accepté dans toutes les provinces conquises. Les révoltes sont oubliées, et les provinciaux participent pleinement à la vie de l’empire.


III. LES POINTS COMMUNS AUX REVOLTES

* l’attitude vis-à-vis de Rome : refus du mauvais prince ou refus de la présence romaine ? s’agit-il d’obtenir son indépendance ? ou de manifester contre le poids trop lourd d’une administration subie ?
⇒ voir en particulier le rôle de Tibère
⇒ voir aussi le règne de Néron et ses suites

* le profil particulier des chefs récoltés : il s’agit souvent de citoyens romains, ou d’hommes ayant servis dans l’armée romain et connaissant bien le système

* quelle est la réaction des Romains ? réaction rapide ? pas toujours pour Tibère
mais une réaction toujours militaire

* avec le temps, les Romains préfèrent prévenir les révoltes en utilisant la diplomatie et l’intégration :

• en faisant don du droit de cité romaine (cf. polycopié La table de Banasa, p. 12-13)

• en utilisant la diplomatie, à partir du IIe siècle :
Ainsi, les Baquates, une tribu de Maurétanie Tingitane, constituée en gens(-tes) sont un peuple fédéré : leurs relations avec l’autorité romaine sont réglées par des pourparlers et des entrevues : Rome ne veut pas de nouvelle conquête mais désire la pax.
Rome maintient l’autonomie de ce peuple avec des garanties pour la sécurité romaine, parce que ce peuple est agité.
Nous connaissons ces relations grâce aux « autels de la paix » du milieu IIe à fin IIIe siècle : il n’y a pas traces de conflit majeur jusqu’à Probus.

Lefebvre Sabine
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Message par Yoann [gp5] Jeu 15 Oct - 10:13

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J'espère que la méthode est claire. Demandez moi si vous avez des difficultés. (On mettra un TD informatique en place Laughing )
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Message par Mika Sam 24 Oct - 9:56

Bonjour tous le monde !

Est ce que quelqu'un pourrait mettre en ligne le CM du 20/10/09 en ligne s'il vous plaît ?

Merci et bonne continuation à tous !
Mika
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